Le sommet de l'Elysée pour la paix et la sécurité en Afrique, dont les trois thèmes principaux seront "la paix et la sécurité", "le partenariat économique et le développement" et "le changement climatique", se tiendra les 6 et 7 décembre à Paris.
Rassemblant les dirigeants et représentants d'une quarantaine de pays africains, ce sommet sera l'occasion de renforcer l'influence du gouvernement de François Hollande en Afrique et en métropole française. "L'Elysée, a estimé He Wenping, directrice du Centre des études africaines à l'Académie chinoise des Sciences sociales, pourra saisir l'occasion de cette rencontre pour exercer son influence sur le continent africain".
Au total, 42 représentants des pays africains, sur les 54 Etats que compte le continent, se rassembleront au sommet, où ils rencontreront le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-Moon, la présidente de la Commission de l'Union Africaine, Nkosazana Dlamini-Zuma, et les délégations de l'Union européenne, du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale. "La France est comme un pont qui introduit les représentants des pays africains à la communauté internationale", a indiqué Liu Naiya, expert en études africaines de l'Académie chinoise des Sciences sociales.
L'Hexagone profitera également du sommet pour renforcer sa présence en Afrique.
D'un point de vue politique, à l'occasion de l'intervention militaire française en République centrafricaine, l'Elysée a besoin de l'approbation du continent africain et de la communauté internationale. Le sommet se focalisera particulièrement sur cette question. En Libye, au Mali, puis en Centrafrique, "nous observons ces dernières années une tendance française à renforcer positivement sa présence dans le continent africain", a souligné Mme He.
En ce qui concerne l'économie, la France, l'un des pays les plus présentés au continent africain, est menacée par la concurrence venant des pays émergents et des anciennes puissances coloniales mondiales. Contrairement à l'Afrique, dont la croissance économique a dépassé 5% ces dix dernières années, l'Hexagone a été témoin d'une baisse dans le marché africain, passant de 10% en 2000 à 4,7% en 2011. Le partenariat économique étant l'un des thèmes du sommet, des discussions sur l'économie seront attendues au cours des deux jours à l'Elysée.
Lors du Forum économique franco-africain, ayant eu lieu à Bercy le 4 décembre, le ministre français de l'Economie, Pierre Moscovici, avait déclaré : "nous avons besoin de l'Afrique". Néanmoins, selon M. Liu, avec son économie morose, la France rencontre des difficultés pour maintenir son influence économique sur le continent africain. L'Elysée, qui a invité les organisations internationales au sommet, pourrait profiter de leurs ressources pour préserver, voire même renforcer le prestige français dans ses anciennes colonies.
Outre le renforcement de l'influence, le sommet constitue une occasion d'améliorer l'opinion du peuple quant au parti socialiste au pouvoir, à l'intérieur du pays.
Zheng Huan, professeur de l'Ecole du Comité central du Parti communiste chinois, a révélé que le Parti socialiste français ne faisait pas l'unanimité dans les sondages. "Il manque de soutien de la part des classes moyennes", qui comprennent une importante partie d'immigrants africains. Mme He partage l'opinion de M. Zhang, et a ajouté que les problèmes sécuritaires dans les quartiers des immigrants d'origine africaine nécessitent la manifestation de relations étroites entre la France et l'Afrique.
Étant l'un des anciens territoires coloniaux de la France, l'Afrique a vu ces dernières années un changement d'attitude de l'Hexagone à l'égard des pays africains. Le président français François Hollande avait annoncé, en 2012, sa volonté d'"écrire avec l'Afrique une nouvelle page", juste avant son départ pour le sommet de la Francophonie à Kinshasa, en République démocratique du Congo (RDC).
Selon les observations de M. Liu, le sommet à Paris marque une étape pour l'Afrique, dans sa transformation de "colonie française" en puissance indépendante. "Au cours des dernières années, nous avons pu constater un changement en termes de communication entre le continent africain et la France".