Le président russe Vladimir Poutine et les leaders de Crimée ont signé mardi un traité acceptant la République de Crimée et la ville de Sébastopol comme parties du territoire russe, au mépris des condamnations et des sanctions supplémentaires de l'Occident.
L'accord a été signé avec la délégation criméenne au cours d'une cérémonie au Kremlin, une fois que M. Poutine s'est adressé aux deux chambres du Parlement russe (Assemblée fédérale).
"La Crimée fait partie de notre héritage commun et est un facteur clé de la stabilité dans la région. Ce territoire stratégique devrait être sous une souveraineté ferme et stable, qui ne peut en effet qu'être russe", a déclaré M. Poutine au Parlement.
Suite à la signature du traité, les pays occidentaux ont condamné la Russie et ont renforcé les sanctions contre le pays, l'accusant de "tenter d'annexer le territoire ukrainien".
Le président américain Barack Obama et la chancelière allemande Angela Merkel ont condamné mardi les manoeuvres de la Russie pour annexer officiellement la Crimée.
Lors de leur conversation téléphonique, mardi matin, M. Obama et Mme Merkel ont estimé qu'il s'agissait d'une violation du droit international et ont noté que cela coûterait cher (à la Russie), a déclaré la Maison Blanche dans un communiqué.
La décision de la Crimée de proclamer l'indépendance et d'adhérer à la Russie est complètement conforme au droit international et a entièrement respecté la justice historique, a indiqué le président russe au Parlement.
Il a pointé du doigt l'exceptionnalisme américain et son recours aux forces contre les Etats souverains en ignorant l'ONU et le Conseil de sécurité de l'ONU.
"Ils n'ont amené ni démocratie ni liberté, mais le chaos et la violence. (...) Nous avons été trahis à maintes reprises par l'Occident", a-t-il conclu.
Quelques heures avant la signature du traité, les Etats-Unis et l'Europe ont imposé des restrictions de déplacements et des gels d'avoirs contre plusieurs fonctionnaires russes et criméens, les accusant d'être responsables de l'indépendance de la Crimée.
Après la signature du traité, Washington a décidé d'imposer une interdiction d'entrée et de geler tous les avoirs détenus aux Etats-Unis par les fonctionnaires russes ou ressortissants russes ayant d'étroites relations financières avec les onze personnes inscrites sur une liste noire, dont des conseillers de M. Poutine.
Prévenant que "la Russie fera face à plus de graves conséquences", le Premier ministre britannique David Cameron a indiqué mardi qu'il allait faire pression pour des sanctions plus sévères de l'Union européenne (UE) contre la Russie lors du prochain sommet des dirigeants européens.
La Grande-Bretagne a suspendu toute coopération militaire avec la Russie et interrompu toutes les autorisations existantes pour des exportations militaires directes vers la Russie, a annoncé mardi le secrétaire britannique aux Affaires étrangères, William Hague.
La France ne reconnaît ni les résultats du référendum tenu en Crimée le 16 mars dernier, ni le rattachement de "cette région d'Ukraine" à la Russie, a déclaré mardi le président français François Hollande dans un communiqué.
Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a indiqué plus tôt mardi que la France envisageait de suspendre l'accord sur le navire de guerre avec la Russie, à cause de la crise en Ukraine.
Le ministre aurait également indiqué que les pays occidentaux ont convenu de suspendre l'adhésion de la Russie au G8.
Toutefois, selon un communiqué du gouvernement allemand, la chancelière allemande Angela Merkel a déclaré mardi que la Russie était toujours membre du G8.
Lors d'une conférence de presse conjointe avec le Premier ministre portugais Pedro Passos Coelho, Angela Merkel a souligné que, jusqu'à présent, seuls les plans pour le sommet du G8 à Sotchi sont suspendus.
"A part cela, aucune décision n'a été prise", a ajouté Mme Merkel.
Peu après l'annonce des résultats officiels du référendum en Crimée, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a appelé toutes les parties prenantes à "faciliter une solution conforme aux principes de la Charte des Nations Unies".
La Chine a réitéré lundi sa position sur la crise ukrainienne, appelant les parties concernées à rechercher le plus vite possible une solution politique par le biais de dialogue.
"La Chine suit de près la situation en Crimée et nous appelons toutes les parties à faire preuve de retenue", a indiqué le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Hong Lei.
Le Parlement de Crimée a déclaré lundi l'indépendance de la région à l'issue du référendum de dimanche, au cours duquel 96,77% des participants ont voté en faveur du rattachement à la Russie.