Les Chinois lisent-ils bien ? Lisent-ils assez? Ces questions ont été soulevées à la suite de certaines observations alarmantes. La dixième Enquête nationale sur la lecture en 2013, conduite par l'Académie chinoise de la presse et de la publication a constaté que, en moyenne, chaque Chinois lit 4,3 livres imprimés et les 2,35 livres numériques chaque année. Une enquête menée par les Presses de l'Université Normale du Guangxi a demandé aux lecteurs quel livre ils ont eu le plus de mal à lire. C'est le roman classique « Le Rêve dans le Pavillon Rouge » qui est arrivé en tête du classement.
« Prenez le métro en Chine, et tout ce que vous verrez, ce sont des gens qui s'endorment ou se penchent sur leurs téléphones portables », explique Yan Gongda, artiste, calligraphe et membre du Comité national de la Conférence consultative politique du Peuple chinois. « Mais quand j'étais en Europe, les gens dans le métro lisaient des livres ».
Lors des sessions de la CCPPC qui ont eu lieu au début de mars, cependant, on a essayé de défendre la quantité de lecture que les Chinois font. Dans le même temps, il y a eu beaucoup de débats sur ce qui est publié par la Chine, qui a produit 400 000 livres différents en 2013.
« Nous devons nous pencher sur la lecture avec un regard neuf aujourd'hui », a dit Chen Li, Directeur adjoint de la Bibliothèque nationale de Chine. « Ce n'est pas seulement un problème de livres et de livres électroniques. Nous pouvons lire sur tant d'autres plates-formes et de nombreuses autres façons ».
« Les livres sont commercialisés et vendus différemment, et les librairies ferment pour de nombreuses raisons », a dit M. Chen. « Nous devons lire davantage encore, mais nous ne le faisons pas si mal que ça ».
Fan Xiaoqing, Présidente de l'Association des écrivains de la Province du Jiangsu, est d'accord. « Je ne pense pas que nous lisons moins qu'avant. Si vous comptez tous les articles en ligne, les micro-blogs, les tonnes d'informations qui nous arrivent directement, le montant est stupéfiant ».
« Le vrai problème, au contraire, est causé par l'énorme quantité d'informations, en grande partie fragmentée et d'un rythme rapide », dit Mme Fan. « Vous avez bien du mal à déterminer ce qui est vraiment bon ».
M. Chen dit : « Ce n'est qu'un problème de temps. Pour ceux qui n'ont pas le temps d'étudier et de trier le bon grain de l'ivraie, il y a un souci ».
La solution de Mme Fan : s'en tenir aux classiques. « Les classiques ont été jugés par le temps », dit-elle. « Avec eux, on ne peut pas se tromper ».
Wang Anyi, auteur du « Chant des regrets eternels », suggère : « Il faudrait toujours essayer de lire davantage de fictions. Cela vous donne de l'imagination et de l'empathie pour les autres personnes et d'autres contextes de la vie ».
« Ce qu'il faut, c'est chercher des sentiments et des connaissances qu'on n'a jamais eus avant », dit-elle. « C'est ce que j'essaie de faire tous les jours ».
Yan Gongda a proposé lors des deux séances qu'une Journée nationale de lecture soit créée, le jour où Confucius est né.
« La lecture est la seule chose qui va changer votre état d'esprit », dit cet artiste qui a grandi avec une formation de savant en arts et culture. « C'est aussi le pilier de notre culture traditionnelle. Dans le passé, tout le monde lisait avec tant d'avidité, pour rien en particulier, mais comme un mode de vie ».
« Peut-être que nous sommes devenus très énervés et irritables à cause de la société en rapide développement et des richesses nouvellement acquises », dit Yan Gongda.
« La façon de faire revenir notre état d'esprit à la paix, c'est la lecture et le retour à nos traditions ».
Mme Fan dit : « Vous ne pourrez jamais fixer une barre en ce qui concerne la quantité de lecture ou sur ce qu'il faut lire. Un peu d'orientation, peut-être. Mais la chose la plus importante est de faire en sorte que cette habitude fasse partie de vous ».