Une loi de confidentialité controversée couvrant 55 catégories d'informations classées secrets d'Etat relatives à la diplomatie, à la défense et à la lutte contre le terrorisme et l'espionnage est entrée en vigueur mercredi au Japon, malgré la forte opposition du public.
Les responsables de 19 ministères et agences gouvernementales seront habilités à classer des informations secrets d'Etat, et la période de confidentialité jusque-là fixée à cinq ans pourra être étendue jusqu'à 30 ans, aux termes de la nouvelle loi.
Cependant, les secrets d'Etat pourront rester classés pour une durée maximale de 60 ans pour des raisons de sécurité avec l'approbation du gouvernement, selon l'agence de presse Kyodo.
Les personnes qui auront divulgué des informations secrètes seront passibles de peines de prison d'une durée allant jusqu'à dix ans et celles qui auront incité d'autres personnes à divulguer des informations, notamment les journalistes, seront passibles d'une peine de prison pouvant aller jusqu'à cinq ans, selon la nouvelle loi.
Le Premier ministre Shinzo Abe a déclaré que la loi encouragerait l'échange d'informations sensibles entre le Japon et d'autres pays et permettrait de renforcer leurs relations.
Un enquête récente de l'agence de presse Kyodo sur les 19 bureaux gouvernementaux a révélé que le nombre exact de secrets d'Etat tournerait probablement autour de 460.000.
Pour rassurer le public qui s'inquiétait du caractère vague de la définition de ces secrets et de l'absence d'un mécanisme de contrôle indépendant, le gouvernement a également approuvé les directives sur la gestion des secrets d'Etat.
Les directives prévoient qu'un "nombre minimum d'informations seront classées confidentielles pour la durée la plus courte possible", car le droit de savoir du public doit être "grandement respecté" dans une société démocratique, a déclaré le gouvernement.
Mercredi, des centaines de manifestants se sont réunis devant le bureau du Premier ministre, clamant que leur droit à l'information était menacé. Des centaines d'étudiants se sont également rassemblés mardi soir pour protester contre la loi.
L'Association de la presse et des maisons d'édition du Japon a adressé lundi une note à la ministre de la Justice, Yoko Kamikawa, pour demander que cette loi de confidentialité soit utilisée raisonnablement.
Le lobby de la presse a souligné que la phrase concernant les personnes "divulguant des secrets d'Etat" avait une portée trop large, qui plongerait les fonctionnaires dans un silence terrifiant. Les activités normales des organismes d'information seraient également perturbées.