La nouvelle équipe de la Commission européenne (CE), dirigée par l'ancien Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker, a officiellement assumé ses fonctions le 3 novembre dernier, pour un mandat de cinq ans. Le président Juncker a déclaré qu'il conduirait l'Union européenne (UE) dans une nouvelle ère.
Selon des analystes, bien que les pays membres de l'UE soient en train d'émerger progressivement de l'ombre de la crise de la dette européenne, ils font toujours face à de nombreux défis.
JUNCKER S'ENGAGE A POUSSER L'EUROPE A AVANCER DE NOUVEAU
En considérant l'UE comme le "dernier salon de la chance", M. Juncker a déclaré que sa Commission "n'a pas seulement un aspect différent mais aussi travaille différemment".
"Elle n'est pas la somme de ses parties, mais travaille en équipe", a-t-il souligné. "Il y aura une fin à la culture du silence, aux communautés et portefeuilles isolés, la CE travaillera comme un organe politique collégial", a-t-il ajouté.
"Je veux une commission politique et exécutive au service du bien commun et des citoyens de l'Europe," a-t-il déclaré.
"Les citoyens sont en train de perdre la foi, les extrémistes de gauche et de droite sont en train de mordiller sur nos talons, nos concurrents prennent du champ. Il est temps que nous inspirions un nouveau souffle dans le projet européen", a-t-il hardiment martelé.
A en croire celui-ci, d'énormes défis les attendent, parmi lesquels, d'abord et avant tout, pousser l'économie de l'Europe pour qu'elle avance de nouveau.
Il a rejeté la division entre les réformes structurelles, la discipline budgétaire et l'investissement, en affirmant plutôt que l'Europe a besoin d'une combinaison des trois éléments pour relancer l'activité économique.
Toutefois, il a réitéré la nécessité de combler "l'écart d'investissement".
"Le niveau d'investissement dans l'UE a chuté de près de 500 milliards d'euros (630 milliards de dollars), soit 20%, après son dernier pic en 2007. Nous sommes confrontés à un écart d'investissement et nous devons travailler à combler cet écart," a-t-il précisé.
L'Europe va chercher à rendre cela possible, a-t-il dit. Il a promis qu'il présenterait "un programme d'investissement ambitieux de 300 milliards d'euros pour l'emploi, la croissance et la compétitivité" d'ici Noël cette année, plus tôt que le calendrier initial de fin janvier 2015.
"Vous avez ma parole que mon collège va commencer à travailler jour et nuit à partir du moment où nous prenons nos fonctions", a-t-il déclaré.
Une partie importante de ce projet économique est de libérer le marché numérique de l'UE, qui est actuellement sclérosé par des règles qui diffèrent énormément entre les 28 Etats membres.
"Chaque jour, l'Europe souffre de pertes en ne libérant pas le grand potentiel de notre grand marché numérique. Les emplois qui devraient être là ne sont pas créés. Les idées, l'ADN de l'économie de l'Europe, ne se concrétisent pas dans la mesure où elles le devraient. Laissez-nous changer ce cas pour le mieux", a-t-il dit.
Un autre grand défi économique face à la nouvelle CE est la négociation en cours avec les Etats-Unis sur le Partenariat transatlantique de commerce et d'investissement (TTIP).
La négociation s'est entravée dans la question du Mécanisme de règlement des différends entre investisseurs et Etats (ISDS), ce qui donnerait aux entreprises américaines qui investissent en Europe (et vice versa) le pouvoir de contourner les tribunaux nationaux et de contester directement les gouvernements devant les tribunaux internationaux, si elles ont trouvé que les lois dans des domaines tels que la santé publique ou la protection environnementale et sociale enfreignent leur droit à faire des affaires.
En réponse, M. Juncker a déclaré que sa Commission "n'acceptera pas que la juridiction des tribunaux dans les Etats membres de l'UE soit limitée par des régimes spéciaux pour les litiges de l'ISDS. La primauté du droit et le principe de l'égalité devant la loi doit également s'appliquer dans ce contexte".
Potentiellement, l'une des tâches les plus difficiles pour Juncker dans les prochains mois sera la volonté du Premier ministre britannique David Cameron de renégocier les termes des membres du Royaume-Uni. M. Cameron a affirmé sa réputation sur la réalisation d'un certain nombre de concessions depuis Bruxelles à la veille de l'élection générale de l'année prochaine en Grande-Bretagne.