Des policiers patrouillent lundi dans une rue du Marais à Paris, qui abrite une importante communauté juive. |
Face à une nation en état de choc après les attaques terroristes de la semaine dernière, les autorités françaises ont commencé lundi à dévoiler un large éventail de mesures visant à envoyer des milliers de soldats et de policiers pour garder les écoles juives et d'autres sites, à renforcer la surveillance électronique et atteindre les écoles et les prisons ayant une réputation de creusets de recrutement djihadiste.
La réponse française arrive au cœur d’un débat émergent et potentiellement clivant à travers l'Europe qui oppose les militants des libertés civiles aux demandes des responsables de la sécurité qui citent les attaques comme l’indice d'un besoin urgent d'introduire de pouvoirs renforcés pour surveiller des suspects. Et elle arrive au moment où les Etats-Unis sont engagés dans une intense introspection, déclenchée en partie par la publication d'un rapport explosif du Sénat sur la torture de personnes soupçonnées de terrorisme, sur le fait de savoir si les Etats-Unis se sont transformés ou non en un Etat militarisé après le 11 septembre 2001.
Jean-Yves Le Drian, le ministre français de la défense, a annoncé que le pays va accroître la sécurité avec son armée pour combattre les menaces. Cherchant à rassurer les citoyens nerveux, le ministre français a déclaré lundi que 10 000 soldats seraient déployés mardi soir, dans ce qu'il appelle « la première mobilisation de cette ampleur sur notre territoire ». Le déploiement militaire reflète la volonté de la France à engager ses forces armées pour résister aux militants islamistes au sein et au-delà de ses frontières. Des avions français ont rejoint la campagne aérienne menée par les Américains en Irak, et environ 3 000 soldats français sont déployés en Afrique pour lutter contre des groupes extrémistes dans des pays comme le Tchad et la Mauritanie.
De son côté, le Premier ministre Manuel Valls a parlé d'une nouvelle législation pour renforcer les pouvoirs de surveillance qui pourrait être préparée « dans trois ou quatre mois » dans le cadre de ce qu'il appelle « une réponse exceptionnelle » aux attaques. Il a dit qu'il y avait eu une augmentation importante du nombre de Français se rendant en Syrie et en Irak pour rejoindre des mouvements djihadistes - une source de préoccupation majeure pour les autorités, du fait de la puissance de diffusion de l'Internet pour les messages radicaux. Cependant, le Premier ministre français, cité dans Le Monde, a bien insisté pour dire qu’il ne s’agissait pas d’approuver une version française du Patriot Act américain, reflétant l'aversion de longue date de la France envers ce qui a été décrit comme des mesures trop draconiennes pour protéger la sécurité nationale.