L'homme n'est pas, loin s'en faut, un modèle de modestie et c'est un beau parleur. Mais il a eu aussi une vie peu commune : après avoir rejoint les rebelles libyens et syriens, Matthew VanDyke, un citoyen américain, a pris le chemin inverse de l'homme d'affaires britannique qui a tout plaqué pour rejoindre les rangs de ceux qui combattent les djihadistes. Lui a laissé tomber son treillis pour un costume BCBG de businessman et Tripoli pour l'Irak, où il a constitue une société destinée à former des chrétiens au combat contre l'Etat Islamique.
Matthew VanDyke a fait beaucoup de choses dans sa vie-réalisateur, analyste, guérillero...- et il s'est fait connaître en combattant avec les forces anti-kadhafistes en Libye en 2011, en tirant même un film, « Point and Shoot », qui retrace son périple de trois ans à moto à travers l'Afrique du nord et le Moyen-Orient, sa lutte armée aux côtés des anti-Kadhafi et ses cinq mois comme prisonnier de guerre dans les geôles libyennes, un documentaire qui a été sacré meilleur documentaire au festival de Tribeca à New York l'an dernier.
Il est ensuite réapparu au Kurdistan irakien, où sa société privée de services militaires, « Sons of Liberty International » vient tout juste de finir d'entraîner les volontaires chrétiens qui veulent se battre contre le groupe de l'Etat islamique. Sa société a ainsi formé quelques dizaines d'hommes de l'Unité de protection de la Plaine de Ninive (NPU), une milice financée par des groupes chrétiens étrangers, principalement américains. « Sons of Liberty International » les a formés pendant un temps, et Matthew VanDyke considère cela comme « l'extension de son travail de révolutionnaire », ajoutant que selon lui, « on ne peut pas rester les bras croisés et ne rien faire ».
Il n'est cependant pas le seul : d'autres Occidentaux -combattants, membres d'associations ou donateurs- sont de plus en plus nombreux à s'impliquer en Irak dans une sorte de guerre privée parallèle, au nom du christianisme, contre les djihadistes, comme l'Organisation américaine mésopotamienne (AMO) basée en Californie et fondée par des Assyriens-Américains, qui finance la milice en gestation à travers son projet « Restore Niniveh Now », car pour eux, le Moyen-Orient doit garder sa « population indigène », faisant référence aux chrétiens d'Irak.