Au lendemain de la suspension de son statut de membre du Front national, le président d'honneur et fondateur du parti, Jean-Marie Le Pen, a dénoncé mardi une "véritable trahison" et une "félonie", indiquant qu'il se battra "par tous les moyens pour faire rétablir la justice".
"C'est une véritable trahison à l'égard de son père et je pense que ce sera jugé comme tel par
l'opinion de tous les Français, de tous les électeurs et surtout de tous les membres du Front national", a déclaré mardi matin sur Europe 1 le président d' honneur du Front national.
Ces propos interviennent au lendemain d'une décision du bureau exécutif du Front national qui a "suspendu de son statut d'adhérent" Jean-Marie Le Pen pour des propos provocateurs qu'il a tenus début avril dans une interview au journal d'extrême-droite Rivarol.
Dans cet entretien, le fondateur du Front national a notamment qualifié à nouveau de "détail" les chambres à gaz du régime nazi, tout en s' en prenant à l'"immigré" Manuel Valls, en évoquant la nécessité de sauver "le monde blanc" et en défendant le maréchal Pétain (chef de la France collaborationniste de 1940 à 1944).
La présidente du Front national et fille de Jean-Marie Le Pen, Marine Le Pen, avait alors expliqué sur TF1 que "les Français assistent depuis quelques mois à une surenchère de provocations, de propos de Jean-Marie Le Pen en contradiction totale avec la pensée politique du Front national", annonçant au passage l'ouverture d'une procédure disciplinaire contre son père.
Sur Europe 1, Jean-Marie Le Pen a déclaré que la suspension de son statut de membre était "une félonie" et qu'il a "honte que la présidente du Front national porte son nom".
"Je souhaiterais d'ailleurs qu' elle le perde le plus rapidement possible. Elle peut le faire soit en se mariant avec son concubin (Louis Aliot, vice-président du Front National), soit peut-être avec M. Philippot (également vice-président du Front national). Je ne souhaite pas que la présidente du Front national s'appelle Le Pen", a-t-il martelé.
A la question de savoir s'il répudie sa fille, M. Le Pen a déclaré : "Tout à fait ! Je ne reconnais pas de lien avec quelqu'un qui me trahit d'une manière aussi scandaleuse".
Le fondateur du Front national a poursuivi son attaque contre Marine Le Pen en indiquant qu'il ne souhaitait pas "pour l'instant" la victoire de sa fille à l'élection présidentielle de 2017.
"Si de tels principes moraux devaient présider à l'Etat français, ça serait scandaleux", a-t-il assené, ajoutant que Marine Le Pen est "un peu pire" que l'UMP et le Parti socialiste "parce l'adversaire vous combat de face" et "là, il vous combat de dos".
M. Le Pen a enfin indiqué qu'il se battra "par tous les moyens pour faire rétablir la justice", voyant dans la suspension de son statut d'adhérent un "véritable complot pour substituer à la direction du Front national une nouvelle équipe qui tient sans doute Marine Le Pen".
Outre le fait de suspendre le statut de membre de Jean-Marie Le Pen, le bureau exécutif du parti a indiqué lundi qu'une assemblée générale extraordinaire sera convoquée d'ici trois mois pour supprimer le statut de président d'honneur de M. Le Pen.