Treize élus alsaciens, de droite comme de gauche, ont cosigné une lettre adressée au président français François Hollande dans laquelle ils demandent l'installation à Strasbourg d'un futur Parlement de la zone euro que le chef de l'Etat français vient d'appeler de ses voeux. Les hommes politiques strasbourgeois veulent défendre le statut de capitale européenne de la ville.
"Nous souhaitons vous proposer de poser la première pierre d'une construction plus démocratique de la zone euro à Strasbourg", écrivent, dans une lettre rendue publique ce wee-end, les cosignataires parmi lesquels le maire socialiste de Strasbourg Roland Ries, le président de l'Eurométropole Robert Herrmann et la vice-présidente de l'Eurométropole en charge de la Task Force pour le siège du Parlement européen, l'ancienne ministre Catherine Trautmann.
Le président Hollande a relancé son idée "du gouvernement de la zone euro" avec un "budget spécifique ainsi qu'un Parlement pour en assurer le contrôle démocratique" dans les colonnes du Journal du Dimanche. Une idée qu'il avait évoquée lors de la traditionnelle interview télévisée du 14 juillet.
"À terme, je souhaite qu'il y ait aussi un Parlement de la zone euro" , avait en effet déclaré M. Hollande en réponse aux nombreuses critiques essuyées quant au déficit démocratique des institutions européennes et à la gestion de la crise grecque.
Cette proposition a fait réagir l'ancienne maire de Strasbourg Fabienne Keller (droite), membre de la Task Force pour le siège du Parlement européen, qui a rallié ses collègues à l'idée de proposer immédiatement que le siège du nouveau Parlement des 19, défendu par M. Hollande, se trouve lui aussi dans la capitale alsacienne.
Dans leur lettre, les 13 élus déclarent qu'une "telle instance de débat qui prenne mieux en compte les peuples et leurs aspirations" paraît "essentielle" . "Il est temps d'aller vers l'approfondissement économique, démocratique et politique de l'Europe" , écrivent-ils.
Strasbourg, siège déjà du Parlement des 28 et du Conseil de l'Europe qui rassemble 47 pays, est aussi, insistent-ils, "une ville qui incarne une certaine vision de l'Europe, complémentaire à celle portée par la Commission européenne et les autres instances européennes. Une Europe du dialogue ouvert et transparent, une Europe qui avance dans la légitimité démocratique. Celle qui, justement, fait parfois si cruellement défaut à la gouvernance de la zone Euro" .
La venue du Premier ministre grec Alexis Tsipras à Strasbourg, devant le Parlement européen, le 7 juillet, a redonné des couleurs à un hémicycle souvent décrié, les sessions strasbourgeoises dans la capitale alsacienne étant jugées trop coûteuses, notamment à cause des déplacements qu'elles impliquent pour les eurodéputés.
Dans cette sempiternelle "bataille du siège" contre les sessions strasbourgeoises du Parlement, des militants européens, mais aussi le président du conseil régional Philippe Richert, plaident depuis plusieurs années pour l'installation d'une gouvernance de l'Eurozone dans la capitale alsacienne.
Si la création d'un Parlement de la zone euro est désormais envisagée au plus haut sommet de l'Etat, elle risque néanmoins de provoquer de vives oppositions. Le coût relatif à la création d'une nouvelle instance ainsi que les nombreuses rivalités géopolitiques au sein de l'Union européenne ne manqueront pas de faire obstacle au projet de M. Hollande comme l'ont déjà souligné des eurodéputés.