La pauvreté et les inégalités peuvent favoriser le terrorisme, selon des chercheurs réunis cette semaine à Dakar pour une conférence internationale sur le thème "Contribution de l'Islam à l'avènement d'une paix mondiale durable".
Moussa Idrissa, chercheur à l'Université de Yaoundé, a souligné que, dans son pays, "les zones les plus touchées par le terrorisme sont celles qui sont les plus délaissées dans les politiques de développement".
"Les jeunes de ces localités, notamment les conducteurs de mototaxis, gagnent en moyenne 2.000 FCFA par jour alors que s'ils les intègrent les mouvements terroristes, comme Boko Haram, on leur donne 100.000 par semaine", a-t-il expliqué.
"Pendant longtemps, les pays arabes et occidentaux ont accordé des aides financières à pays africains mais dont bénéficiait seulement une poignée d'individus", a-t-il relevé avant de soutenir que "si nous ne voulons plus que certains pauvres soient tentés par le terrorisme, il faut réorienter l'aide publique au développement et la donner à ceux qui en ont besoin".
Le chercheur qatari, Dr Mahmoud Madani, a pour sa part, soutenu qu'"il n'y aura pas de paix tant qu'il y aura la faim et la souffrance dans le monde".
"La pauvreté peut conduire à la mécréance", a-t-il prévenu et d'estimer que "pour une paix durable et une lutte efficace contre le terrorisme, il faudra lutter contre l'injustice et la pauvreté en répartissant mieux les ressources de ce monde".
De son côté, Adja Fatou Kiné Diaw, présidente du comité national du Forum francophone des affaires, a soutenu que "la sécurité alimentaire est le moteur du développement et de la paix".
"Il y a des Etats comme le Koweït qui mettent en place un fonds exclusivement dédié aux femmes dans certains pays sous-développés pour leur permettre d'avoir des activités génératrices de revenus", a-t-elle noté.
"Les gouvernements des pays en développement devraient suivre cet exemple en finançant des projets pour les jeunes, notamment dans l'agriculture, pour qu'ils ne soient pas tentés par le terrorisme", a-t-elle suggéré.
"Il faut aussi que les enfants de la rue soient parrainés par des bonnes volontés pour qu'ils sortent de ce milieu parce que dans un pays comme le Sénégal il n'y a que les enfants de musulmans qui sont dans la rue", a-t-elle conclu.
La conférence de Dakar, qui a pris fin mardi, a d'ailleurs reconnu "les liens étroits entre la pauvreté, les inégalités et la violence avec les conséquences néfastes de l'instabilité sur les maillons les plus défavorisés".
Dans une déclaration adoptée, la conférence a appelé "les femmes et les jeunes à s'engager dans le combat contre la violence, l'intolérance, l'injustice et la discrimination".
La Communauté internationale a été invitée à "poursuivre les actions en vue de l'éradication de la pauvreté et des inégalités et porter d'avantage le combat pour la paix et le développement".
La conférence a aussi suggéré à la communauté internationale de "contribuer à la mise en place et au fonctionnement, en 2016, d'un Fonds dit de paix et de stabilité", qui sera alimenté, "entre autres, par la zakat collectée à l'échelle internationale et sera redistribué au niveau mondial, selon les principes de bonne gouvernance".
La conférence a enfin appelé à "l'acceptation mutuelle des différences culturelles et des croyances et valeurs d'autrui dans le respect de la dignité et des droits humains".