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France-COP21 : l'immigration liée au dérèglement climatique est une "réalité déjà présente" selon un chercheur français

Xinhua | 15.10.2015 08h25

L'immigration liée au dérèglement climatique ne doit pas être considérée comme une menace future mais une réalité déjà présente, selon François Gemenne, spécialiste des migrations environnementales.

Lors d'une interview accordée à Xinhua, ce chercheur à sciences Po Paris salue l'adoption mardi à Genève, de "l'agenda pour la protection" des déplacés environnementaux, premier document international qui vise selon lui, à assurer une meilleure protection des personnes déplacés au-delà des frontières pour cause de catastrophes et changement climatique.

Le dérèglement climatique est aujourd'hui responsable de la migration d'un nombre croissant de personnes. Chaque année, plusieurs millions de personnes sont déplacées par les attaques du changement climatique que sont entre autres, la désertification, des catastrophes brutales comme des cyclones, des inondations, a expliqué M. Gemenne.

"Chaque année en moyenne, 26 millions de personnes sont déplacées par des catastrophes. Ce qui veut dire que l'immigration liée au climat ne doit pas être considéré comme une menace futur ou lointaine mais une réalité déjà présente aujourd'hui", a déclaré le chercheur.

Seon lui, les zones du monde les plus concernées sont l'Afrique subsaharienne, l'Asie du sud, ainsi que les petits Etats du pacifique ou de l'océan indien.

Les personnes déplacées pour cause de catastrophes et changement climatique ne sont pas suffisamment protégées, notamment par le droit international.D'après le chercheur, la migration est très souvent considérée comme une solution de denier ressort, un choix que les gens font une fois qu'ils ont épuisé toutes les autres options d'adaptation.

C'est "ce mardi à Genève a été adopté l'agenda de protection des déplacés qui est le premier document international qui vise à assurer une meilleure protection de ces personnes. L'enjeu est de voir comment les moyens d'adaptation qui seront notamment discutés lors de la COP21 à Paris pourront désormais être mobilisés, notamment pour mettre en œuvre cet agenda de protection des déplacés et pour faciliter l'idée que la migration puisse devenir une solution", a expliqué M. Gemenne.

La COP21 va ainsi donner les moyens de mettre en œuvre les recommandations de cet "agenda de protection" qui vise entre autres "à faciliter la migration comme stratégie d'adaptation, à mieux protéger les personnes s'ils sont déplacées à l'extérieur de leur frontière par une catastrophe naturelle, à éviter de renvoyer les gens vers des pays touchés par des catastrophes naturelles, favoriser la migration et la mise à l'abri des personnes immobiles et coincées", a indiqué le spécialiste des migrations environnementales.

Selon François Gemenne, la Chine figure parmi les 110 Etats qui ont adopté "l'agenda de protection" des déplacés.

"La Chine a un rôle important à jouer car elle est très touchée par ce phénomène de migration. Le plus grand nombre de migration en Chine sont liées à des questions environnementales... je pense que cet engagement traduit la conscientisation du gouvernement chinois à ses questions", a expliqué M. Gemenne.

Pour le chercheur, le plus important c'est l'engagement de la Chine sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

"C'est sur ce point là que la Chine est attendue, mais je pense qu'elle a, également beaucoup, à jouer en terme de stratégie d'adaptation. Il s'agit donc de voir quel rôle de leadership la Chine peut jouer notamment sur les questions d'adaptation et comment elle peut s'engager dans une coopération internationale sur ce sujet", a estimé M. Gemenne.

Le spécialiste dit attendre de la Conférence sur le climat à Paris (COP21) "un choix clair, et qu'on ne soit pas dans une logique de report et de protestation comme ça a souvent été le cas par le passé".

(Rédacteurs :Yin GAO, Guangqi CUI)
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