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Ce que le premier tour des régionales en France nous enseigne

le Quotidien du Peuple en ligne | 08.12.2015 15h24

Les résultats officiels du premier tour des élections régionales françaises qui ont eu lieu le 6 décembre ont été publiés. Le parti d'extrême-droite du Front national a obtenu 31% des voix, le parti de droite Les Républicains et ses alliés, dirigé par l'ancien président de droite Nicolas Sarkozy, 27% des votes, le Parti socialiste de gauche et ses alliés, 23% du vote. Dans les 13 nouvelles grandes régions, le Front National est arrivé en tête dans 6 d'entre elles, les Républicains dans 4, et le Parti socialiste dans 2.

Après la dernière réforme, le nombre des régions françaises est passé de 22 à 13. Conformément aux règles électorales, le candidat d'un parti obtenant la majorité absolue au premier tour des élections est désigné vainqueur. Si personne ne recueille la majorité absolue, seuls les candidats ayant obtenu au moins 10% des voix au premier tour pourront participer au second tour de scrutin, qui aura lieu le 13 décembre. Les résultats du premier tour ont montré que, dans aucune région, aucun candidat n'a remporté plus de la moitié des voix, ce qui fait que tous les candidats ayant obtenu plus de 10% des voix pourront participer au second tour.

Après le premier tour de scrutin, la présidente du Front National Marine Le Pen a affiché le sourire du vainqueur, proclamant avec audace que son parti est devenu « de façon incontestable le plus grand parti de France ». Dans la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie, elle a remporté 40% des voix, tandis que les candidats des autres partis sont arrivés loin derrière elle. Sa nièce Marion Maréchal-Le Pen est également arrivée loin devant ses adversaires dans la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, dans le Sud-est de la France, avec plus de 40% des voix. Dans quatre autres grandes régions, le candidat du Front National est aussi arrivé premier, mais sans pour autant obtenir une avance très nette. Il n'en reste pas moins que, de toute façon, le Front National a obtenu une percée historique lors de ces élections. Et cela augure de résultats meilleurs encore au second tour de ces élections locales.

Le premier tour de scrutin a montré la confirmation du Front National en tant que l'un des trois grands partis français, et sa présidente Marine Le Pen va devenir une candidate sérieuse pour les présidentielles de 2017.

A l'étranger, nombreux ont été ceux qui ont été surpris par ces résultats. Comment un puissant parti politique d'extrême droite anti-immigrés a-t-il pu ainsi émerger dans la turbulente vie politique française ?

Le Front National a été fondé en 1972 par le père de Marine Le Pen, Jean-Marie Le Pen. Le slogan de ce parti ultranationaliste, accusé de xénophobie, était « Les Français d'abord ». En 2011, Marine Le Pen a succédé à son père comme présidente du parti. Cependant, les propos souvent racistes, en particulier antisémites, de son père l'ont régulièrement plongée dans l'embarras. Car Marine Le Pen a également une ambition, celle de faire du Front National, une formation notoirement contestataire, un potentiel parti de pouvoir susceptible de briguer la présidence française. Cela a conduit à un approfondissement du fossé qui la sépare de son père, qui a culminé en août dernier par l'expulsion de Jean-Marie Le Pen du Front National. Cependant, est-ce à dire que, depuis, le Front national a complètement changé ? Rien n'est moins sûr. Parce que ce parti n'a pas renoncé à ses positions anti-immigrés, et qu'il reste viscéralement attaché au concept de « Français d'abord ». S'il arrivait au pouvoir, non seulement les immigrants présents en France auraient à en souffrir, mais les relations de la France avec ses voisins et l'Union européenne deviendraient aussi tendues. Cependant, la faiblesse de l'économie française, les problèmes de sécurité intérieure et la crise des réfugiés en Europe lui a encore donné l'occasion de faire un bond important dans les sondages, lui permettant d'obtenir de bons résultats dans ce tour de scrutin.

L'émergence d'un parti de ce genre ne peut que susciter la vigilance chez ceux qui prônent des idées républicaines. Conformément à une pratique antérieure, lorsque cela se produit, les partis de gauche et de droite unissent leurs forces lors des élections pour faire barrage au Front National. Cependant, cette fois, un nouveau problème est apparu. La gauche souhaite s'allier avec la droite, mais cette fois, elle s'est aussi retirée de deux régions, pour laisser la place à la droite seule et empêcher l'extrême droite d'arriver au pouvoir. Mais malheureusement, les partis de droite dirigés par Nicolas Sarkozy ont refusé de coopérer, avec le slogan « ni retrait ni fusion », offrant une opportunité de victoire au Front national. Pourquoi Nicolas Sarkozy a-t-il adopté cette position ? Est-ce parce qu'au fond de lui, il espère, dans les régions où la situation est défavorable, battre l'extrême-droite, souhaitant gagner davantage de territoires, ou est-ce parce qu'il veut délibérément plonger la gauche dans une situation embarrassante ? C'est difficile à dire, mais une telle approche équivaut à un suicide politique, et ne fera que renforcer plus encore la tendance à la droitisation de la société française.

La politique française est en train de connaitre une période de turbulences. On pourrait la décrire en disant que « le vent annonce la tempête ». Mais de toute façon, je le crois, la majorité des Français défendant l'idée républicaine ne permettront jamais que la France glisse dans l'abîme du nationalisme extrême.

(Rédacteurs :Qian HE, Guangqi CUI)
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