Dernière mise à jour à 17h11 le 05/02
La Russie et la Turquie se sont livrées jeudi à une escalade dans leur guerre des mots sur la crise en Syrie, au moment où de plus en plus de civils syriens fuient une offensive du gouvernement syrien soutenu par la puissance de l'aviation russe. Moscou et Ankara sont depuis longtemps en désaccord sur la guerre en Syrie : le président russe Vladimir Poutine est intervenu directement en Syrie l'automne dernier, lançant une campagne de bombardement pour appuyer le président syrien Bachar al-Assad, tandis que le gouvernement turc soutient les rebelles cherchant à évincer celui-ci.
Et les deux pays ont échangé de nouvelles accusations jeudi, après que l'ONU ait suspendu les efforts de relance des pourparlers de paix sur la Syrie à Genève. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de son côté déclaré lors d'une visite officielle au Pérou que la campagne aérienne de la Russie a effectivement détruit les chances d'une transition politique en Syrie, faisant écho à des remarques par le Département d'Etat américain, pour qui les négociations de Genève ont été interrompues en partie à cause des frappes aériennes russes sur les forces anti-Assad autour de la ville d'Alep.
Et du côté de la Russie, un haut responsable militaire a accusé jeudi la Turquie de préparer une intervention militaire en Syrie. « Nous avons de sérieuses raisons de soupçonner des préparatifs intenses de la Turquie pour envahir militairement le territoire d'un gouvernement souverain, la République arabe syrienne », a dit lors d'une conférence de presse le porte-parole du Ministère russe de la défense, le major général Igor Konashenkov. « Nous voyons de plus en plus d'indications de préparatifs secrets des forces armées turques pour des opérations actives sur le territoire de la Syrie ». Dans le même temps, le gouvernement russe a reconnu que l'un de ses conseillers militaires, qui ne prenait pas part à des opérations de combat, a été tué en Syrie par un tir de mortier de combattants de l'Etat islamique.
Les responsables turcs ont également averti jeudi que des dizaines de milliers de réfugiés syriens se dirigeaient vers la frontière Sud suite à l'offensive syro-russe. D'après un responsable de l'agence de secours officielle de la Turquie, l'AFAD, la Turquie a accueilli presque 7 400 réfugiés venus d'Alep depuis la fin novembre, dont plus de 5 600 sont arrivées au cours de la seule semaine dernière. La Turquie s'est néanmoins dite prête à accueillir immédiatement des dizaines de milliers de nouveaux réfugiés en provenance de Syrie. « Nous sommes prêts pour un nouvel afflux, et nous en avons la capacité », a déclaré ce responsable. « Selon nos informations, il y a des groupes qui se déplacent au Nord d'Alep vers la Turquie ».