Dernière mise à jour à 14h57 le 19/03
Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'Homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, a condamné vendredi l'échec répété des forces de la coalition combattant les rebelles chiites Houthis au Yémen à distinguer les cibles militaires et les civils et a indiqué que les raids de la coalition contre des civils pourraient constituer des crimes internationaux.
M. Zeid a tenu ces propos suite à un nouveau raid aérien meurtrier mardi, dans lequel 106 civils ont trouvé la mort sur un marché fréquenté au Yémen.
"Le carnage causé par deux frappes aériennes sur le marché d'Al-Khamis, dans le nord-ouest du Yémen, mardi, a été l'un des incidents les plus meurtriers depuis le début du conflit il y a un an", a déclaré M. Zeid dans un communiqué de presse, notant que c'était le deuxième incident de ce type en trois dernières semaines.
Le 27 février dernier, au moins 39 civils, dont neuf enfants, avaient trouvé la mort dans une frappe aérienne sur le marché Khaleq, dans un quartier du nord-est de la capitale Sanaa.
M. Zeid a indiqué que le Bureau du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'Homme (HCDH) au Yémen s'est rendu sur le marché d'Al-Khamis le lendemain des frappes, dans le nord du Gouvernorat de Hajja, et a interrogé un certain nombre de témoins. Ces derniers ont déclaré que les frappes aériennes, qui auraient eu lieu l'après-midi à l'heure de pointe, avaient complètement détruit 16 boutiques sur le marché.
Parmi les 106 personnes mortes des suites de l'attaque, 24 enfants ont été dénombrés, a déploré le Haut-Commissaire.
"Elle (la coalition) a frappé des marchés, des hôpitaux, des cliniques, des écoles, des usines, des fêtes de mariage - et des centaines de résidences privées dans les villages et les villes, y compris la capitale Sanaa", a-t-il déclaré.
Malgré de nombreuses démarches internationales, ces incidents terribles continuent de se produire avec une régularité inacceptable, a dénoncé le haut responsable onusien.
"Il semblerait que la distinction entre les cibles militaires légitimes et les civils - qui sont protégés par le droit international - soit au mieux très insuffisantes", a déclaré M. Zeid. "Et au pire, nous sommes peut-être confrontés à des crimes internationaux commis par les membres de la coalition", a-t-il dit, accusant la coalition dirigée par l'Arabie saoudite d'être "responsable de pertes civiles deux fois plus élevées que l'ensemble de toutes les autres forces".
Selon l'ONU, les combats et les bombardements de la coalition ont fait plus de 6.000 morts au Yémen, pour moitié des civils, au cours de l'année écoulée.