Dernière mise à jour à 08h28 le 24/05
Istanbul a accueilli lundi environ 5 200 participants, dont 65 chefs d'Etat ou de gouvernement, au premier Sommet humanitaire mondial. Ce grand rassemblement ne doit cependant pas être un simple atelier de discussion, mais plutôt une opportunité de produire des résultats concrets.
Cet événement de deux jours vise à réorganiser un système d'aide humanitaire mis en place il y a plusieurs décennies déjà, et qui est maintenant considéré comme dépassé face aux changements rapides du monde actuel. De fait, 130 millions de personnes à travers le monde ont actuellement besoin d'aide humanitaire, dont 60 millions de personnes déplacées par force ; au cours des deux dernières décennies, 218 millions de personnes ont chaque année été affectées par des désastres en tous genres.
"Les gens sont outrés et frustrés par les problèmes auxquels l'Humanité est confrontée, ainsi que par le manque d'unité et de solidarité dont fait preuve le monde face aux souffrances endurées. Et les gens demandent maintenant du changement", a déclaré le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon dans un rapport publié en février.
Le monde a dépensé 25 milliards de dollars américains pour prêter assistance à ceux qui sont dans le besoin ; mais M. Ban, qui a lancé l'idée de ce Sommet humanitaire il y a quatre ans, a souligné que 20 milliards supplémentaires étaient encore nécessaires.
Le chef de l'ONU souhaite rendre le système d'aide humanitaire plus efficace, plus coordonné et plus solidaire. Pour garantir la réussite du Sommet humanitaire, 23 000 personnes dans plus de 153 pays ont été consultées au cours des trois dernières années.
A mesure qu'affluent les idées, les propositions et les suggestions, le sommet d'Istanbul est devenu une lueur d'espoir pour les millions de réfugiés à travers le monde, mais aussi pour ceux qui les hébergent et les aident.
Hasan Kara, maire de Kilis, une ville frontalière du sud-est de la Turquie qui accueille près de 130 000 réfugiés syriens - davantage que sa propre population de 93 000 habitants - a attiré l'attention du Sommet sur le fardeau enduré par sa ville.
Les infrastructures et les superstructures de Kilis opèrent déjà à capacité maximale, et la ville n'a reçu ni soutien ni aide financière de la communauté internationale depuis des années, à l'exception d'un unique compacteur de déchets solides.
Des représentants des ONG turques, faisant écho à d'autres ONG un peu partout à travers le monde, appellent à un "renforcement des pouvoirs des communautés locales", afin que davantage de ressources soient allouées aux acteurs locaux en contact direct avec les populations touchées.
Sema Gene Karaosmanoglu, directrice exécutive de l'ONG turque "Support to Life", a également indiqué que le "renforcement de la dimension locale de l'aide humanitaire" était le message le plus fort et le plus important que le Sommet humanitaire puisse envoyer.
L'ONG "Médecins sans frontières" a annoncé son retrait du sommet au début du mois, affirmant que la réunion ne serait certainement pas en mesure de "résoudre la faiblesse endémique des actions humanitaires et des réponses d'urgence, en particulier dans les zones de guerre ou en situation d'épidémie".
"J'espère que ce sommet sera un tournant", a déclaré le président turc Recep Tayyip Erdogan lors de l'ouverture de la rencontre.
Le sommet est soumis à une forte pression pour produire des résultats concrets, sur la base desquels des mesures tangibles pourront être prises, qu'il s'agisse de promouvoir ou de créer des méthodes plus efficaces, de lever des fonds, de redonner espoir et confiance aux réfugiés et aux organisations humanitaires à travers le monde.
Les conflits persistant en Libye, en Afghanistan, en Irak et en Syrie sont les principaux producteurs de réfugiés et de souffrance humaine, et ont été initialement causés par les interventions militaires imprudentes des puissances occidentales.
Ces puissances sont supposées contribuer davantage à l'accueil des réfugiés, plutôt que de simplement leur fermer leurs portes.