Dernière mise à jour à 08h23 le 30/06
Alors que son pays est encore étourdi par le référendum du 23 juin sur la sortie de l'Union européenne, le Premier ministre britannique David Cameron a définitivement dissipé à Bruxelles les espoirs des partisans d'un nouveau scrutin. Mais une rude bataille sur l'immigration et le marché unique va désormais débuter. Pas sûr que le Royaume-Uni soit vraiment en position de force.
Les déclarations stupéfiantes de Boris Johnson dans le Daily Telegraph, qui assure que son pays "continuera d'avoir accès au marché unique" et que "les Britanniques pourront continuer de travailler dans l'UE, illustrent, au mieux, l'impréparation ou, au pire, le cynisme des hérauts du Brexit. Comme leurs affirmations sur les flots d'argent au profit de la santé publique (NHS), c'est tout simplement faux.
En effet, comme l'a récemment rappelé François Hollande, l'accès au marché unique européen est conditionné par le respect des "quatre libertés" : libre circulation des biens, des personnes, des services et des capitaux. Et Angela Merkel d'enfoncer le clou : il n'y aura pas de négociations à la carte.
QUELLE MARGE DE MANOEUVRE?
Le Royaume-Uni est donc condamné à négocier. Mais quelle sera sa marge de manoeuvre? Selon le quotidien The Times paru mercredi, M. cameron a remis mardi soir sur la table le sujet sensible de l'immigration en réclamant une réforme importante sur ce sujet devant le Conseil européen.
Or, il faut se souvenir que l'UE, au terme de dures négociations en février dernier, avait déjà fait une concession sur ce sujet à Londres, lui accordant une clause de sauvegarde de sept ans sur certaines aides sociales pour les nouveaux migrants qui lui permet d'en limiter les versements de façon graduelle.
Les Vingt-Sept seront-ils prêts à faire davantage de concessions? Rien n'est moins sûr d'autant que dans tous les cas de figure déjà évoqués - adhésion à l'Espace économique européen ou "accord à la suisse" - Londres n'est pas en position de force.
Dans le premier cas, l'EEE signifie accepter l'essentiel des règles européennes, sans pouvoir les changer, et une contribution financière à l'UE. Dans le second, il faudra négocier au cas par cas des accords bilatéraux. A n'en pas douter, sans contrepartie, l'UE fermera la porte aux services financiers, alors que la City est un pilier de l'économie britannique. Et Angela Merkel d'enfoncer le clou mardi : il n'y aura pas de "choix à la carte".
LE TEMPS, UNE ARME A DOUBLE TRANCHANT
Dernier élément, le calendrier. David Cameron laisse à son successeur, sans doute connu le 9 septembre, le soin de notifier la sortie de l'UE et d'en négocier les termes pendant deux ans. Londres explique avoir besoin d'un peu de temps pour envisager toutes les options, révélant en creux que rien n'a été fait depuis des mois sur ce sujet pourtant brûlant...
Dans ce jeu de poker, Bruxelles craint par dessus tout un enlisement qui profitera aux nationalismes européens qui s'agitent ici ou là et qui empêchera les réformes nécessaires de l'Union. Car c'est aussi l'un des enseignements du Brexit : l'Europe doit entendre la voix du mécontentement.