Dernière mise à jour à 08h38 le 26/07
La polémique sur les effectifs de la police déployés le 14 juillet à Nice au moment de l'attaque au camion fou qui a fait 84 morts s'est amplifiée dimanche après qu'une policière niçoise a déclaré avoir subi des pressions lors de la rédaction de son rapport sur le visionnage des images de télésurveillance.
Dans un entretien au Journal du Dimanche (JDD), la chef du Centre de supervision urbain (CSU) de Nice, Sandra Bertin, a accusé le ministère de l'Intérieur de l'avoir mise sous pression lors de la rédaction de son rapport, en lui demandant notamment de préciser que la police nationale était bien présente sur deux points du dispositif de sécurité déployé à Nice le soir du 14 juillet.
"J'ai été harcelée pendant une heure. On m'a ordonné de taper des positions spécifiques de la police nationale que je n'ai pas vues à l'écran", a déclaré la policière dans les colonnes du JDD.
"Le lendemain des attentats, le cabinet du ministre de l'Intérieur a envoyé un représentant au CSU qui m'a mis en ligne avec la place Beauvau", a expliqué Mme Bertin, précisant avoir "eu affaire à une personne pressée qui (lui) a demandé un compte-rendu signalant les points de présence de la police municipale, les barrières, et de bien préciser que l'on voyait aussi la police nationale sur deux points dans le dispositif de sécurité".
"Je lui ai répondu que je n'écrirais que ce que j'avais vu. Or la police nationale était peut-être là, mais elle ne m'est pas apparue sur les vidéos. Cette personne m'a alors demandé d'envoyer par email une version modifiable du rapport, pour 'ne pas tout retaper'", a-t-elle poursuivi.
La policière a fait cette déclaration trois jours après que le journal Libération a accusé l'exécutif d'avoir menti sur le dispositif policier déployé sur la promenade des Anglais le soir du 14 juillet à Nice.
"Contrairement à ce qu'a affirmé le ministère de l'Intérieur, l'entrée du périmètre piéton de la promenade des Anglais n'était pas protégée par la police nationale le 14 juillet au soir", expliquait jeudi le quotidien.
Dans un communiqué publié dimanche, le ministère de l'Intérieur a indiqué que "contrairement à ce que Mme Bertin affirme, ce n'est en aucun cas le cabinet du ministre de l'Intérieur qui a envoyé un commissaire au CSU ou qui aurait eu des échanges avec elle", indiquant qu'en conséquence, le ministre français de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, "porte plainte ce jour pour diffamation".
Interrogé dimanche sur France 2, le ministre a dénoncé "une campagne de vilenies et de mensonges", ajoutant q'il rendra "coup pour coup".
De son côté, le président de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, Christian Estrosi, en première ligne dans les accusations portées à l'encontre du gouvernement concernant le déploiement policier, a indiqué dimanche sur Twitter rejeter "les accusations scandaleuses du ministre d'instrumentalisation des propos d'un agent dans un contexte aussi terrible".
Enfin, interrogé lundi matin sur BFM TV, le Premier ministre Manuel Valls a dénoncé une "polémique purement politique", défendant l'intégrité de son ministre de l'Intérieur.
C'est une "polémique politique qui vise à déstabiliser le gouvernement", a estimé le chef du gouvernement, soulignant que Bernard Cazeneuve est "un homme intègre, un homme d'Etat, un ministre de l'Intérieur formidable".
L'attaque au camion menée à Nice le 14 juillet par Mohamed Lahouaiej Bouhlel a fait 84 morts et plus de 200 blessés, donnant immédiatement lieu à une vive controverse sur le dispositif policier déployé pour assurer la sécurité des quelque 30.000 personnes réunies ce soir-là sur la promenade des Anglais.