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Déploiement du système antimissile THAAD en Corée du Sud : des desseins américains inavoués

Xinhua | 30.07.2016 09h26

Les Etats-Unis affirment que s'ils déploient leur bouclier antimissile THAAD en Corée du Sud, c'est pour protéger ce pays contre toute menace venant de République populaire démocratique de Corée (RPDC). Mais ne vous y trompez pas : la superpuissance n'agit pas au nom des intérêts sud-coréens, mais bien des siens.

Il y a deux semaines environ, le ministère sud-coréen de la Défense a annoncé avoir conclu un accord avec Washington sur le déploiement d'une batterie THAAD (Terminal High Altitude Area Defense) dans la région de Seongju (300km au sud-est de Séoul), en dépit de l'opposition des habitants et des pays voisins.

Le système THAAD, développé par Lockheed Martin, est conçu pour abattre tout missile balistique à courte et moyenne portée en phase de vol terminale. Il comprend six lanceurs mobiles, 48 missiles intercepteurs, des radars et un système de tir, le tout évalué à 1,3 milliard de dollars.

En vertu de l'accord américano-coréen, la batterie et ses radars seront gérés uniquement par des soldats américains.

La Chine et la Russie ont exprimé leur forte opposition face à ce déploiement, d'autant que le radar en bande X est capable d'observer des pans de leurs territoires bien au delà de la RPDC.

Le système radar mobile AN/TPY-2 du THAAD est capable de repérer un missile en phase de vol terminale à une distance entre 600 et 800km, ce que la Corée du Sud souhaite. Mais il peut être converti, en une seule journée, en un système plus performant avec une portée allant jusqu'à 2.000km, tout simplement parce que les deux versions reposent sur le même matériel.

"Les configurations en mode avancé ou phase terminale ne reposent que sur une différence de logiciel. Passer de l'un à l'autre ne prend que quelques heures", explique Cheong Wooksik, directeur de l'ONG sud-coréenne Peace Network.

Quand bien même Séoul et Washington affirment ne pas viser la Chine et la Russie, "une telle promesse n'a aucun sens d'un point de vue technique", poursuit-il, laissant entendre que les desseins américains sont clairs.

L'annonce du déploiement a en tout cas provoqué la colère des habitants de la région de Seongju, qui redoutent notamment que le radar en bande X n'émette de puissantes micro-ondes dangereuses pour l'organisme.

Les Etats-Unis essaient de déployer ce bouclier en Corée du Sud depuis 2012, bien que des experts estiment qu'il sera guère efficace contre des missiles venus de RPDC. En effet, le THAAD est conçu pour détruire des missiles à une altitude oscillant entre 40 et 150km. Or, certains missiles de la RPDC volent à environ 20km d'altitude, ce qui fait que les radars du THAAD ne pourront les détecter.

Ce déploiement n'apportera donc rien de bon à la région, la Corée du Sud au premier chef, ajoutent des analystes selon qui cela va surtout contribuer à saper la paix dans la péninsule coréenne, mais aussi la sécurité régionale et globale, sans parler d'un coup de pouce à la course aux armements.

"Le THAAD va avoir un impact négatif sur la péninsule coréenne, l'Asie du Nord-Est et la paix dans le monde", estime M. Cheong qui pense qu'il va accroître les tensions régionales plutôt que de se montrer dissuasif face aux menaces de la RPDC, alors qu'il s'agissait à l'origine de la raison avancée par Séoul pour son déploiement.

Avec celui-ci, la Corée du Sud intègre le réseau de défense balistique des Etats-Unis, ce qui risque de déstabiliser l'équilibre géopolitique dans la région et engendrer des changements stratégiques côté chinois et russe.

Pour Cheong Wooksik, la Corée du Sud est sûre sans THAAD. Améliorer les relations avec Pyongyang et entamer des négociations pour dénucléariser la péninsule coréenne sont essentielles pour garantir la paix et la stabilité dans la région.

(Rédacteurs :Qian HE, Guangqi CUI)
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