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Primaire de la gauche : Hamon/Valls, le choc des programmes opposés

Xinhua | 25.01.2017 08h15

Après un premier tour qui a mobilisé plus de 1,6 million de votants, les électeurs de gauche s'apprêtent à se rendre à nouveau aux bureaux de vote dimanche prochain pour choisir entre Benoît Hamon et Manuel Valls, deux socialistes que tout oppose. Que ce soit sur le plan économique, social ou sécuritaire, Benoît Hamon défend un projet à l'opposé de celui de Manuel Valls.

Le revenu universel d'existence, proposition phare du programme de Benoît Hamon, est l'un des points essentiels qui oppose les deux finalistes.

Selon Benoît Hamon, la révolution numérique change déjà le rapport au travail et près de 10% des emplois en France seront menacés de disparition d'ici quelques années. Il propose donc un revenu universel d'existence d'un montant de 750 euros par mois pour tous les Français dès l'âge de 18 ans. "Mais cela se fera par étape, dans un premier temps par l'automatisation et la valorisation du RSA de 10% (600 euros) pour les 18-25 ans", a-t-il expliqué.

Manuel Valls veut quant à lui lutter contre la pauvreté par l'emploi, la fusion des "minima sociaux" et la formation. "Je veux une société du travail qui fait plus d'emploi, je ne crois pas à une fin du travail qu'il faudrait compenser par une nouvelle allocation au coût exorbitant impliquant d'augmenter massivement les impôts", a-t-il indiqué.

L'ancien Premier ministre propose à cet effet de maintenir la durée du temps de travail à 35 heures et de rétablir la défiscalisation des heures supplémentaires, là où Benoît Hamon veut limiter la durée du travail à 32 heures sur 4 jours.

Autre point de divergence majeure au sujet du travail : la loi El Khomri, qui a fait l'objet d'une forte contestation par les syndicats et mouvements de la jeunesse pendant plusieurs mois. Manuel Valls veut maintenir cette loi, qui est selon lui "une avancée à travers la négociation dans l'entreprise, le compte personnel d'activité, le compte pénibilité et la garantie jeune".

L'une des premières mesures que Benoît Hamon prendrait en tant que président serait l'abrogation de la loi El Khomri, notamment à cause de ses dispositions qui facilitent le licenciement et le recours à des heures supplémentaires moins bien payées par simple accord d'entreprise, a-t-il indiqué.

Sur les questions de société également, l'ancien ministre de l'Education défend un projet à l'opposé de celui de son adversaire au second tour de la primaire. C'est par exemple le cas sur la crise migratoire, qui continue de faire débat en France. Manuel Valls propose comme solution à cette crise le contrôle des frontières et le respect de certains principes comme le droit d'asile, car "l'accueil illimité n'est pas possible".

Pour sa part, Benoît Hamon défend le projet de "visas humanitaires", une recommandation du Haut commissariat aux réfugiés (HCR) qui est indissociable, selon lui, de la politique de coopération et de développement à l'égard du Sahel et de l'espace francophone.

La légalisation ou non du cannabis est aussi un sujet de désaccord entre les deux candidats. Pour Benoît Hamon, la répression n'a pas mené à une baisse de la consommation de cannabis, ni à la fin des problèmes liés au trafic. Il propose de légaliser la distribution de cannabis afin de sortir d'un "système qui entretient une économie qui constitue des ghettos et de la violence sur certains territoires de la République".

L'ancien Premier ministre Manuel Valls s'y oppose, car il estime que la légalisation du cannabis n'arrêtera pas le trafic. "Un Etat doit avoir des interdits. Si on légalise le cannabis, on aura un cannabis plus dur qui alimentera d'autres trafics", a-t-il déclaré.

Sur le plan sécuritaire, notamment dans la lutte contre le terrorisme, Manuel Valls veut donner plus de moyens aux forces de sécurité et services de renseignement. Et prolonger autant que nécessaire l'état d'urgence.

Benoît Hamon juge pour sa part inopportun de prolonger continuellement l'état d'urgence, alors même que le niveau et les capacités d'intervention de la justice et des forces de l'ordre ont été déjà rehaussés.

Dans le cadre de la lutte contre la délinquance, Manuel Valls promet de lutter contre la surpopulation carcérale "qui fabrique des récidives" par la construction de 10.000 places de prison.

Pour Benoît Hamon, augmenter le nombre de places de prison ne règlera pas pour autant la question de la surpopulation et ne changera rien au fait que la prison fabrique des délinquants. Il propose donc des peines alternatives à la détention (assignation à résidence, liberté conditionnelle avec des bracelets électroniques) pour les peines courtes.

(Rédacteurs :Qian HE, Guangqi CUI)
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