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Sous la pression des troupes sénégalaises, le Président gambien Yahya Jammeh accepte enfin de quitter le pouvoir

le Quotidien du Peuple en ligne | 22.01.2017 08h32

Après que le Sénégal ait annoncé que ses troupes étaient entrées jeudi, de même que celles de quatre autres pays -le Nigeria, le Ghana, le Togo et le Mali-, dans la Gambie voisine pour contraindre son dirigeant de longue date, Yahya Jammeh, à quitter le pouvoir après sa défaite aux élections, dans le cadre d'un audacieux effort régional des pays de l'Ouest-africain pour défendre les élections démocratiques remportées par l'opposition, et que la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) l'ait sommé d'accepter de céder le pouvoir et de quitter le pays, faute de quoi la force envoyée par la communauté serait entrée en action, celui-ci a fini par annoncer son retrait samedi à la télévision gambienne.

L'opération, baptisée « Restaurer la démocratie », qui avait été lancée officiellement peu après l'investiture d'Adama Barrow et le vote unanime d'une résolution au Conseil de sécurité de l'ONU, avait été suspendue quelques heures plus tard pour permettre une « dernière médiation » régionale afin de convaincre Yahya Jammeh, battu le 1er décembre et qui s'était accroché au pouvoir après avoir accepté le verdict des urnes, de partir en exil. L'opération avait été annoncée après que le nouveau Président choisi par les électeurs le mois dernier ait prêté le serment d'office de son exil à Dakar, la capitale sénégalaise. De leur côté, les présidents mauritanien et guinéen ont aussi obtenu l'accord de principe de Yahya Jammeh pour qu'il quitte la Gambie.

« Nous sommes entrés en Gambie », a déclaré le colonel Abdou Ndiaye, de l'armée sénégalaise, dans un message envoyé à l'agence de presse Reuters. Des vidéos de chars et Humvees sénégalais camouflés roulant vers la frontière gambienne avaient d'ailleurs circulé sur les médias sociaux. Mais les informations ont par la suite indiqué que l'opération avait été interrompue jusqu'à vendredi après-midi pour permettre à un groupe de chefs d'Etat d'Afrique de l'Ouest de tenter une dernière négociation -réussie- avec Yahya Jammeh. A la date de jeudi soir, selon les habitants, les troupes sénégalaises n'étaient pas encore apparues à Banjul, la capitale gambienne, mais la nouvelle de leur déploiement s'était propagée, amenant les Gambiens à descendre dans les rues pour soutenir les forces sénégalaises et l'éviction de Yahya Jammeh.

« Nous les accueillons [les soldats sénégalais] parce qu'ils vont nous apporter un président qui va restaurer la démocratie ici », a déclaré Modou Secka, qui faisait partie d'une foule joyeuse à Banjul. Il portait une chemise avec le slogan que les Gambiens chantent sans cesse depuis l'élection du mois dernier : « La Gambie a décidé ». Une vidéo publiée sur Twitter a également semblé montrer le chef de l'armée gambienne, Ousman Badjie, célébrer la nouvelle avec la foule. Des soldats gambiens étaient aussi visibles dans la ville, ont déclaré des témoins, mais ils n'ont pas empêché les manifestations.

L'opération sénégalaise -menée avec le soutien des nations de l'Afrique de l'Ouest- a été une rare initiative d'une coalition militaire régionale africaine répondant avec force au refus du chef l'Etat gambien de démissionner après les élections. Ces dernières années, de nombreux chefs d'Etat africains ont changé les constitutions de leur pays ou organisé des élections pour rester au pouvoir, avec une opposition limitée. « Un bloc régional est disposé à aller au-delà de la simple rhétorique et à défendre la volonté et les aspirations démocratiques d'un peuple tout entier ; cela en dit long et va sans doute résonner bien au-delà de la Gambie », a déclaré Jeffrey Smith, fondateur de Vanguard Africa, Une organisation à but non lucratif qui a travaillé en étroite collaboration avec l'opposition gambienne. 

(Rédacteurs :Guangqi CUI, Wei SHAN)
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