Dernière mise à jour à 08h20 le 27/03
La tension monte entre la droite et la gauche française au pouvoir à un mois du premier tour de l'élection présidentielle. En cause, les accusations de François Fillon contre le président français François Hollande, qui serait selon lui l'instigateur des fuites dans l'affaire dite "Penelopegate".
"Dans un livre à paraître intitulé : 'Bienvenue Place Beauveau, Police : les secrets inavouables d'un quinquennat', des journalistes expliquent en 240 pages, comment François Hollande fait remonter toutes les écoutes judiciaires qui l'intéressent à son bureau, ce qui est d'une illégalité totale. On cherchait un cabinet noir, on l'a trouvé !", a déclaré jeudi dernier M. Fillon sur France 2.
Après un démenti formel à travers un communiqué jeudi soir, le président Hollande est revenu à la charge vendredi, remettant en cause la "dignité et la responsabilité" du candidat de la droite et du centre.
"Je ne veux pas rentrer dans le débat électoral, je ne suis pas candidat, mais il y a une dignité et une responsabilité à respecter. Et je pense que M. Fillon est maintenant au-delà ou en deçà", a déclaré sur France Info le président français en réaction aux accusations de M. Fillon.
Selon lui, tout est clair dans cette affaire, et "ce qui n'est pas clair, c'est ce que M. Fillon doit justifier auprès de la justice. Il y a heureusement un cabinet qui travaille à l'Elysée, mais nous n'avons pas à nous mêler des affaires. Ma position a toujours été l'indépendance de la justice, le respect de la présomption d'innocence et ne jamais interférer", a expliqué M. Hollande.
Le candidat socialiste Benoît Hamon a également été très critique à l'endroit de son concurrent de la droite. "Il (François Fillon) est aujourd'hui indigne de la fonction présidentielle", a indiqué sur BFMTV M. Hamon en réaction aux accusations de M. Fillon.
Evoquant les ennuis judiciaires de M. Fillon, le candidat socialiste note qu'il fait "face à une série d'affaires qui montrent un rapport personnel à l'argent qui, manifestement, est assez incompatible avec l'éthique et la morale que l'on attend d'un chef de l'Etat".
Pour Emmanuel Macron, les accusations de François Fillon sont de "la diffamation et du soupçon généralisé". On ne peut pas, selon le candidat d'En marche, accuser "tout le monde de tout et n'importe quoi".
Le ministre de l'Economie et des Finances, Michel Sapin, a également démenti les propos de M. Fillon au cours d'une conférence de presse vendredi et affirmé qu'aucune information n'est transmise via son ministère.
"Il n'y a pas de cabinet noir, il n'y a pas d'informations transmises au ministère des Finances et il n'y a pas d'informations transmises par le ministre des Finances. (...) Tracfin (Traitement du renseignement et action contre les circuits financiers clandestins) ne s'intéresse pas à ce type de sujet", a expliqué M. Sapin.
Les auteurs du livre "Bienvenue Place Beauveau, Police : les secrets inavouables d'un quinquennat" ont à leur tour démenti les accusations du candidat de la droite et du centre qu'ils soupçonnent de vouloir instrumentaliser leur propos.
"Je pense que François Fillon a mal lu le livre. Il est impossible de prouver l'existence d'un cabinet noir comme il est impossible de prouver la non existence d'un cabinet noir. Fillon tire sa dernière cartouche et il a saisi ce livre pour essayer de s'en sortir", a déclaré à la presse Olivia Recassens, co-auteur du livre.
Mais François Fillon persiste dans ces accusations. En campagne au Pays basque, il en rajoute : "Jamais dans la Ve République on a vu un tel déchaînement (...) la seule façon de sauver la gauche, c'est de tuer Fillon".
Jacques Alain Bénisti, député LR et soutien de M. Fillon, est convaincu qu'il y a bien une machination contre François Fillon. "Les pièces du dossier de l'enquête, deux jours après, se retrouvent entre les mains d'une personne proche de ce cabinet noir, qui les transmet ensuite à la presse", a-t-il indiqué.
Le porte-parole du candidat de la droite, Luc Chatel, a vivement réagi aux critiques du président Hollande à l'endroit de François Fillon.
"Ce qui est indigne c'est la façon dont François Hollande a traité l'institution judiciaire. Je rappelle qu'il l'avait traitée d'institution de lâcheté. Ce qui est indigne c'est de faire croire qu'on est étranger à des procédures judiciaires visant l'opposition", a répondu sur BFMTV M. Chatel.
Si M. Hollande "avait été si digne que cela", a-t-il dit, "il se serait indigné de voir la violation systématique du secret de l'instruction depuis deux semaines vis-à-vis de Fillon".