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Attaque chimique sur une ville du Nord-ouest de la Syrie, au moins 100 morts

le Quotidien du Peuple en ligne | 05.04.2017 08h27

Selon un dernier bilan fourni par l'Union des Organisations de Secours et Soins Médicaux (UOSSM), au moins 100 personnes ont été tuées et près de 400 intoxiquées dans une attaque chimique sur une ville rebelle du Nord-ouest de la Syrie. L'Observatoire syrien pour les droits de l'homme a accusé le gouvernement syrien ou des avions russes de l'attaque sur la ville Khan Sheikhoun, une affirmation catégoriquement démentie par les deux parties. Plus tard, des avions auraient également tiré des missiles sur des hôpitaux locaux qui traitaient les survivants. Une source militaire syrienne a nié que le gouvernement ait utilisé de telles armes, et le Ministère russe de la défense a affirmé qu'il n'a pas eu de frappes aériennes à proximité.

Si elle était confirmée, ce serait l'une des attaques chimiques les plus meurtrières dans la guerre civile qui déchire la Syrie. Des avions de guerre auraient attaqué Khan Sheikhoun, à environ 50 km au Sud de la ville d'Idlib, au début de la journée de mardi, alors que de nombreuses personnes dormaient encore. Hussein Kayal, photographe du centre de médias pro-opposition Edlib Media Center (EMC), a déclaré à l'Associated Press qu'il a été réveillé par le son d'une explosion vers 6h30. Quand il ait arrivé sur les lieux, il n'y avait pas d'odeur, a-t-il dit. Il a trouvé des gens allongés sur le sol, incapables de se déplacer et avec les pupilles resserrées, a-t-il ajouté. Mohammed Rasoul, directeur d'un service d'ambulances à Idlib, a de son côté déclaré à la BBC que ses médecins avaient trouvé des gens, dont beaucoup étaient des enfants, en train d'étouffer dans la rue.

L'Observatoire syrien (SOHR) a pour sa part cité des médecins disant qu'ils avaient traité des personnes présentant des symptômes, dont des évanouissements, des vomissements et des émissions de mousse à la bouche. Un journaliste de l'agence de presse de l'AFP a vu une jeune fille, une femme et deux personnes âgées mortes dans un hôpital, toutes avec de la mousse encore visible autour de leur bouche. Les secouristes ont déclaré que de nombreux enfants figuraient parmi les personnes tuées ou blessées lors de l'attaque. Les journalistes ont également signalé que la même installation a été frappée par un missile mardi après-midi, faisant tomber des décombres sur les médecins traitant les blessés. La nature de la substance qui a été larguée n'a pas encore été formellement identifiée, mais les médecins ont mis à l'abri un certain nombre de corps, pour servir de preuve de l'attaque et permettre peut-être cette identification.

Cependant, l'EMC et le SOHR ont déclaré que ce pourrait probablement être de l'agent innervant sarin, qui est hautement toxique et considéré comme 20 fois plus mortel que le cyanure. Le sarin inhibe l'action d'une enzyme, qui désactive les signaux qui provoquent le fonctionnement des cellules nerveuses humaines. Ce blocage amène les nerfs dans un état continu de stimulation. Le cœur et les autres muscles -dont ceux impliqués dans la respiration- sont alors touchés par des spasmes. Une exposition suffisante peut entraîner la mort par asphyxie en quelques minutes. Le sarin est par ailleurs presque impossible à détecter car il s'agit d'un liquide clair, incolore et insipide qui n'a aucune odeur dans sa forme la plus pure.

Le gouvernement syrien a déjà été accusé par des puissances occidentales d'avoir tiré des roquettes remplies de sarin dans plusieurs banlieues rebelles de la capitale Damas en août 2013, tuant des centaines de personnes. Le président Bashar al-Assad avait nié ces accusations, accusant les combattants rebelles, mais il a ensuite accepté de détruire l'arsenal chimique de la Syrie. La coalition nationale de l'opposition a accusé le gouvernement d'être derrière ce qu'il a appelé un « crime horrible » et a appelé le Conseil de sécurité de l'ONU à ouvrir une enquête immédiate et à en tenir les auteurs pour responsables. La France, qui soutient l'opposition, a de son côté convenu qu'une « attaque chimique particulièrement grave » avait eu lieu et demandé une réunion d'urgence du Conseil de sécurité, qui devrait avoir lieu mercredi. 

(Rédacteurs :Guangqi CUI, Wei SHAN)
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