Dernière mise à jour à 14h57 le 23/05
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé dimanche qu'une épidémie de choléra qui a éclaté dans le Yémen ravagé par la guerre a déjà tué 315 personnes depuis le 27 avril. Selon un tweet de l'agence de l'ONU, l'infection au choléra continue de s'étendre au Yémen avec plus de 29 300 cas suspects rapportés dans 19 des 22 provinces du pays. Ces derniers chiffres arrivent un jour après que l'organisation caritative internationale Médecins sans frontières ait prévenu que l'épidémie de choléra pourrait échapper au contrôle du Yémen. Pays appauvri, le Yémen est dévasté par une lutte de pouvoir entre un gouvernement soutenu par l'Arabie saoudite et des rebelles appuyés par l'Iran depuis la fin de 2014.
La violence continue dont est victime le Yémen a fortement porté atteinte à ses centres de soins de santé. La semaine dernière, l'état d'urgence a été déclaré dans la capitale Sana'a, sous la coupe des rebelles, après qu'un grand nombre de cas de choléra aient été détectés dans la ville. Selon l'OMS, plus de la moitié des établissements médicaux du pays ne fonctionnent plus, et d'après les estimations de l'ONU, environ 7,6 millions de personnes vivent dans des zones menacées par le choléra au Yémen. Vendredi, l'OMS a averti que le Yémen pourrait compter jusqu'à 300 000 cas de choléra dans les six mois et enregistrer un nombre « extrêmement élevé » de décès.
« Nous devons nous attendre à quelque chose qui pourrait dépasser 200 000 à 250 000 cas au cours des six prochains mois, en plus des 50 000 cas déjà enregistrés », a déclaré Nevio Zagaria, représentant de l'OMS au Yémen, à des journalistes à Genève. Le coût en vies à partir d'un taux d'infection à cette échelle serait « extrêmement, extrêmement élevé », a-t-il ajouté, ajoutant que « la vitesse de la résurgence de l'épidémie de choléra est sans précédent [pour le Yémen] ».
Le choléra, une infection diarrhéique aiguë, est causé par l'ingestion de nourriture ou d'eau contaminée par la bactérie Vibrio Cholera. Si elle n'est pas traitée, la maladie peut tuer en quelques heures. Par ailleurs près de 75% des personnes infectées ne présentent aucun symptôme. Selon l'OMS, la courte période d'incubation signifie que les épidémies peuvent se propager avec une vitesse explosive, en particulier dans des endroits sans eau potable ou assainissement adéquat. Le Centre américain pour la prévention et la prévention des maladies (CDC) estime que trois à cinq millions de cas de choléra surviennent annuellement, causant plus de 100 000 décès chaque année. Le choléra peut être traité de manière simple et efficace par un remplacement immédiat des fluides et des sels perdus par la diarrhée. Les patients peuvent être traités avec une solution de réhydratation orale, un mélange préemballé de sucre et de sels à mélanger avec de l'eau et bue en grande quantité. Les Yéménites souffrent d'un manque important d'accès à l'alimentation, à l'eau potable, ainsi qu'aux médicaments, ce qui a contribué à la propagation de l'infection.