Égypte : attentat contre un bus transportant des chrétiens coptes, au moins 28 morts

Selon des responsables du Ministère égyptien de la santé, des hommes armés ont attaqué un groupe de chrétiens coptes qui se rendaient dans un monastère du centre de l'Egypte vendredi, tuant 28 personnes et blessant 24 personnes, dont beaucoup d'enfants parmi les victimes. Il n'y a aucune revendication immédiate de l'attaque, qui est intervenue à quelques heures du début du mois sacré du Ramadan et suit une série d'attentats contre les chrétiens revendiqués par l'État islamique dans une campagne de violence contre les coptes, qui a ont publié des vidéos au début de cette année exhortant à la violence contre les coptes d’Égypte.

Des témoins oculaires ont déclaré que les hommes masqués ont ouvert le feu après avoir arrêté les chrétiens, qui se trouvaient dans un autobus et d'autres véhicules. Les chaînes de télévision locales ont montré un bus criblé de coups de feu et couvert de sang. On a également pu voir des vêtements et des chaussures éparpillés dans le bus et autour de celui-ci, tandis que les corps de certaines des victimes se trouvaient dans le sable à proximité, recouverts de draps noirs. L'attaque, condamnée par les dirigeants musulmans égyptiens, s'est produite à 15 km du monastère Saint Samuel, a déclaré un responsable de la sécurité à Reuters. Des secouristes, des moines et des clercs musulmans étaient également présents mais ont refusé de s'exprimer.

Dans le même temps, la police armée de fusils d'assaut constituait un périmètre de sécurité et des fonctionnaires du parquet recueillaient des preuves et des empreintes digitales. Des forces spéciales fortement armées sont arrivées plus tard le visage masqué et revêtus d'armures de protection. Les blessés ont été emmenés dans des hôpitaux locaux et certains ont été transportés au Caire. Selon les responsables égyptiens, un des véhicules attaqués emmenait des hommes pour des travaux d'entretien au monastère tandis qu'un autre avait des enfants à bord. Le Ministère de la santé a déclaré que parmi les blessés se trouvaient deux enfants âgés de deux ans. De son côté, le Président Abdel Fattah al-Sisi a convoqué une réunion des responsables de la sécurité, et le gouvernement a déclaré que les assaillants ne réussiraient pas à diviser le pays. Le grand imam d'al-Azhar, centre d'études islamique égyptien vieux de 1000 ans, a déclaré que l'attaque avait pour but de déstabiliser le pays. « Je demande aux Égyptiens de s'unir face à ce terrorisme brutal », a déclaré Ahmed al-Tayeb en Allemagne, où il était en visite. Le Grand Mufti d'Egypte, Shawki Allam, a également condamné les auteurs, les assimilant à des traîtres.

Les chrétiens coptes, dont l'église remonte à près de 2 000 ans, représentent environ 10% de la population égyptienne de 92 millions d'habitants. Ils disent être victimes depuis longtemps de persécution, mais ces derniers mois, la fréquence des attaques mortelles contre eux a augmenté. Environ 70 personnes ont été tuées depuis décembre dans des attentats revendiqués par l’État islamique contre des églises des villes du Caire, d'Alexandrie et de Tanta. Une campagne d'assassinats menée par l'État islamique dans le Sinaï (Nord du pays) a poussé des centaines de chrétiens à fuir en février et en mars. Les coptes craignent maintenant de faire face au même sort que leurs frères d'Irak et de Syrie, où les communautés chrétiennes ont été décimées par les guerres et les persécutions de l'État islamique. Les coptes égyptiens sont des partisans affirmés du Président Sisi, qui a juré d'écraser l'extrémisme islamiste et de protéger les chrétiens. Il a déclaré un état d'urgence de trois mois à la suite des attentats contre les chrétiens en avril, même si beaucoup de chrétiens estiment que l’État ne prend pas leur sort au sérieux ou ne peut pas les protéger contre des fanatiques déterminés.