Dernière mise à jour à 08h29 le 15/06
Dans un communiqué publié mercredi, le Défenseur des droits Jacques Toubon s'inquiète d'"atteintes aux droits fondamentaux" des migrants à Calais (nord de la France) "d'une exceptionnelle et inédite gravité". Il dénonce "des conditions de vie inhumaines" et "exhorte les pouvoirs publics à ne pas s'obstiner dans ce qui s'apparente à un déni d'existence des exilés".
"Très préoccupé par les faits portés à sa connaissance, le Défenseur des droits, Jacques Toubon, a demandé à ses services de se rendre sur place lundi 12 juin. A cette occasion, ses agents se sont longuement entretenus avec de nombreux exilés et les associations leur venant en aide. Le Défenseur des droits demande dès à présent que soit mis un terme aux atteintes aux droits fondamentaux les plus élémentaires dont sont victimes les exilés, notamment les mineurs, et qui demeurent à ce jour sans précédent", déclare le communiqué.
Depuis plusieurs semaines, les associations dénoncent des "entraves répétées" et un durcissement des forces de l'ordre à l'égard des migrants revenus dans la région de Calais malgré le démantèlement, en octobre dernier, de la "Jungle" où s'entassaient près de 10 000 migrants et demandeurs d'asile. Les associations sont "entravées et menacées", lorsqu'elles "tentent de mettre en oeuvre des dispositifs qui devraient l'être par les pouvoirs publics (douches, distribution de repas et d'eau)", relève le Défenseur des droits.
"La volonté de ne plus voir de migrants à Calais conduit à ce que plus aucun abri ne soit toléré : les personnes - entre 500 et 600 selon plusieurs informations croisées - dont des mineurs, dorment à même le sol, quelles que soient les conditions climatiques, parfois avec un sac de couchage donné par les associations. Ils disent être traqués jour et nuit dans plusieurs sous-bois de la ville. Tous les points d'eau ayant été supprimés, les migrants ne peuvent pas se laver, ni même boire", indique le communiqué.
Jacques Toubon "exhorte les pouvoirs publics à ne pas s'obstiner dans ce qui s'apparente à un déni d'existence des exilés" qui "doivent être traités dignement, conformément au droit et aux engagements internationaux qui lient la France". Il demande notamment "l'autorisation des distributions de repas, la mise à l'abri des mineurs", ainsi que la mise en place d'un lieu où ils puissent se reposer.
Le Défenseur des droits s'alarme plus particulièrement de la situation des enfants et des femmes qui sont susceptibles de faire l'objet de viol et d'exploitation sexuelle.
Le Défenseur des droits est une autorité constitutionnelle indépendante chargée de veiller à la protection des droits et des libertés et de promouvoir l'égalité. Il est nommé par le président de la République pour un mandat de 6 ans non renouvelable et non révocable.