Dernière mise à jour à 14h05 le 29/07
Le président français Emmanuel Macron a annoncé jeudi la création d'hébergements d'urgence en France, et de hotspots (centres d'accueil dans une "zone sensible" ou "hotspot" en anglais) sur le sol africain afin d'accueillir "dignement" les demandeurs d'asile.
"La première bataille : loger tout le monde dignement. Je veux partout des hébergements d'urgence. Je ne veux plus de femmes et hommes dans les rues", a déclaré Emmanuel Macron lors d'une visite dans un centre d'hébergement de réfugiés à Orléans. Le président français veut mettre en place des dispositions administratives permettant de traiter les dossiers des candidats à l'asile partout où sont construits les hébergements d'urgence et hotspots.
Dans la foulée, Emmanuel Macron a plaidé en faveur d'un traitement des demandes d'asile depuis le sol africain. "Nous créerons des voies et moyens de traiter les demandes d'asile sur le sol africain plus tôt, dans de meilleures conditions, pour éviter que des familles entières prennent des risques, parfois perdent la vie, pour une procédure qui leur est d'ores et déjà impossible d'atteindre", a-t-il indiqué.
Des missions de l'OFPRA (Office français de protection des réfugiés et apatrides) se rendront ainsi "les unes sur les hotspots italiens pour améliorer notre coopération avec l'Italie en termes de demandeurs d'asile, les autres sur le sol africain, dans des pays sûrs où nous pourrons organiser ces missions", a expliqué M. Macron.
Selon les associations œuvrant pour l'accueil des migrants, la France compte actuellement près de 100.000 demandeurs d'asile et 40% d'entre eux n'ont pas d'hébergement officiel, les poussant à dormir dans la rue ou dans des campements illégaux.
"Il y a aujourd'hui sur le territoire national un certain nombre de personnes qui sont à la rue à Calais, Paris, sur les trottoirs des grandes villes, près de la frontière italienne. Il n'y a pas de fatalité à ce que cela se produise. Nous pouvons faire autrement, en dignité", a affirmé sur BFMTV le représentant de l'association France terre d'asile, Pierre Henry.
Dans son rapport publié mercredi dernier, sur la situation des migrants à Calais, l'ONG Human Rights Watch dénonce des violations des droits humains : "De façon routinière, la pulvérisation de gaz poivre sur des migrants, enfants et adultes, alors qu'ils sont endormis ou dans d'autres situations où ils ne représentent aucune menace. De tels agissements de la part de la police violent l'interdiction d'infliger un traitement inhumain et dégradant, mais aussi les normes internationales de comportement des forces de l'ordre", assure l'ONG dans son rapport.
La France veut mettre en place une politique migratoire caractérisée par son "autorité et humanité", sa "générosité et pragmatisme". Le plan migrants du gouvernement, présenté début juillet par le Premier ministre Edouard Philippe, envisage ainsi de "redonner sa pleine portée au droit d'asile", en réduisant considérablement les délais de traitement d'une procédure de demande d'asile par une diminution des délais d'enregistrement des demandes.
Mais également en augmentant le nombre de places d'hébergement, avec 4.000 places supplémentaires en 2018 et 3.500 en 2019. Soit une progression d'environ 10% du nombre de places disponibles sur deux ans, avait annoncé M. Philippe. A cela s'ajoute les 5.000 places de centre provisoire d'hébergement prévues pour 2018/2019 afin de "favoriser la transition vers le logement autonome des réfugiés les plus vulnérables".
Cette nouvelle politique migratoire prévoit par contre la fermeté en matière d'immigration irrégulière. Un projet de loi sera présenté en la matière et permettra d'améliorer les procédures de mise en œuvre des éloignements.
Les autorités ont également annoncé l'adaptation des systèmes d'information afin de faciliter l'identification des personnes interpellées, et procéder à leur reconduction à la frontière. Le gouvernement veut maintenir le contrôle provisoire aux frontières jusqu'au mois de novembre 2017, pour mieux maîtriser le flux migratoire.