Dernière mise à jour à 09h48 le 25/08
Le nombre d'arrivées de migrants et de réfugiés en Europe a chuté durant le premier semestre 2017, selon un nouveau rapport publié jeudi par l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).
Toutefois, sans voies légales à disposition pour rejoindre l'Europe, de nombreux réfugiés et migrants ont encore recours à des passeurs sans scrupule ainsi qu'à des réseaux de traite d'êtres humains et risquent la mort et/ou des abus effroyables, précise le HCR.
Selon l'agence onusienne, cette baisse du nombre d'arrivées en Europe enregistrée au premier semestre 2017 s'explique principalement par une diminution de 94% du nombre total de personnes effectuant la traversée maritime depuis la Turquie vers la Grèce. Parallèlement, les traversées depuis l'Afrique du Nord vers l'Italie sont au même niveau que l'année dernière (83.752 personnes à la fin juin 2017 ; ce nombre est toutefois en baisse depuis début juillet).
"Nous ne pouvons pas ignorer les abus subis jour après jour par les migrants et les réfugiés", Malgré cette diminution des arrivées, la probabilité de décès parmi les personnes tentant de rejoindre l'Europe demeure élevée. Selon le rapport, 2.253 personnes ont trouvé la mort ou sont portées disparues lors d'une tentative de traversée, et au moins 40 autres sont décédées lors du voyage par voie terrestre aux frontières de l'Europe ou non loin. La majorité des voyages s'effectuant clandestinement, les informations sont difficiles à confirmer et ces estimations demeurent prudentes. La violence et les abus commis tout au long du voyage, principalement en Libye, sont omniprésents.
"Prendre des mesures pour réduire le nombre de réfugiés et de migrants arrivant en Europe est moralement inacceptable, sans intensifier parallèlement les mesures pour le rétablissement de la paix, le développement et les voies légales", a déclaré le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi. "Nous ne pouvons pas ignorer les abus subis jour après jour par les migrants et les réfugiés, simplement car ils se déroulent hors de notre vue".
Le rapport du HCR relève également qu'un grand nombre de migrants et de réfugiés ayant rejoint l'Italie depuis la Libye ont survécu à de périlleuses traversées du désert et à des abus tels que la violence, la torture et les enlèvements contre rançon. En mer, le taux de décès survenant au cours de la traversée vers l'Italie est d'une personne sur 39.
A terre, les mouvements à travers l'Europe ont continué durant le premier semestre 2017, à un rythme toutefois réduit en comparaison de la même période en 2016. Les personnes se déplaçant clandestinement depuis la Grèce et la Bulgarie ont signalé des abus commis par les passeurs. Ils ont également été battus, et attaqués par des chiens policiers. De plus, ils ont subi des vols et des enlèvements contre rançon de la part des passeurs.
Allégations d'expulsions commises par plusieurs pays européens
Durant la période couverte par le rapport, le HCR et ses partenaires ont continué à recevoir des allégations sur des expulsions commises par les autorités de certains Etats, tels que la Bulgarie, la Croatie, la Grèce, la Hongrie, la Roumanie, la Serbie, l'Espagne et l'ex-République yougoslave de Macédoine. Des allégations de violences et de refus d'accès aux procédures de demande d'asile ont également été rapportées. Alors que certains Etats remédient à ces problèmes, notamment par des enquêtes sur les allégations d'abus de droits humains aux frontières, le rapport souligne que de nouvelles mesures sont nécessaires.
Selon le rapport du HCR, un engagement renouvelé est nécessaire pour assurer la protection et rechercher des solutions, notamment pour les personnes en déplacement et n'ayant pas encore atteint la Libye, ainsi que pour mettre en œuvre des mesures concrètes afin de réprimer la traite d'êtres humains.
Pour l'agence onusienne, ces mesures doivent être combinées avec davantage de voies légales et sûres, y compris davantage de places de réinstallation et un regroupement familial facilité. "C'est essentiel si nous voulons protéger les réfugiés et les migrants contre les réseaux criminels, réduire le recours aux passeurs, ainsi que diminuer les abus et le nombre des décès", souligne le HCR.