Dernière mise à jour à 15h32 le 09/11
"L'exemplarité est le meilleur antidote au populisme", a estimé, mercredi, à Strasbourg, la ministre française chargée des Affaires européennes Nathalie Loiseau, lors de l'ouverture officielle du Forum mondial de la démocratie organisé par le Conseil de l'Europe, en partenariat avec la ville de Strasbourg et la Région Grand Est , lequel est placé sous le haut patronage du président de la République française.
La ministre française Nathalie Loiseau a participé mercredi après-midi aux côtés de l'ancienne Première ministre de Nouvelle-Zélande, Helen Clark, de l'envoyé spécial du Canada auprès de l'Union européenne et de l'Europe, Stéphane Dion et du président du Parti républicain du peuple (Turquie) Kemal Kiliçdaroglu au premier grand débat du Forum mondial de la démocratie dont la sixième édition est consacrée au populisme.
Commentant les scores des partis populistes en Europe et en France, la ministre a estimé qu'"il faut se garder d'un fatalisme résigné mais aussi se garder d'un lâche soulagement". "Il doit y avoir un rêve européen", a-t-elle plaidé dans l'hémicycle du Conseil de l'Europe, instance paneuropéenne qui regroupe 47 Etats membres.
Interrogée sur les causes de la montée du populisme, la ministre a déclaré qu'"il est raisonnable de penser que nous vivons tous les contre-coups du 11 septembre". Cela se traduit par un "repli identitaire", "une peur de la mondialisation qui est vécue comme une perte de contrôle" et "une peur du déclassement", a-t-elle dit.
Les scandales à répétition de harcèlement sexuel et d'évasion fiscale sont "du pain bénit pour les populistes", a estimé l'ancienne directrice de l'ENA (Ecole Nationale d'Administration) alors que "l'exemplarité est le meilleur antidote au populisme". "Les gens contestent les élites quand ils ont le sentiment que l'ascenseur social est en panne", que règne "l'entre-soi", a-t-elle ajouté.
"Il faut trouver les moyens de faire participer beaucoup plus les citoyens, notamment grâce aux nouveaux outils numériques", a-t-elle préconisé avant d'insister sur le rôle de l'éducation. "Les populistes ont tendance à réinventer l'histoire. Il faut mettre l'accent sur l'éducation à l'histoire de nos sociétés".
Nathalie Loiseau a plaidé pour une large éducation aux médias afin de faire face "aux contre-vérités dont on est bombardé" et pour "éduquer les journalistes à leurs responsabilités".
Elle a aussi présenté la formation professionnelle au cours de la vie comme une clé. "L'angoisse qui nourrit le populisme, c'est aussi celle de ne pas avoir de compétences. Il faut permettre aux gens d'avoir la maîtrise de leur destin", a-t-elle dit.
"Le virus du populisme c'est un peu comme le bacille de la peste. Elle commence dans l'indifférence générale... Nous devons être extrêmement intransigeants quand les signaux se manifestent", a-t-elle insisté.
Le Forum mondial de la démocratie, pour sa sixième édition, réunit à Strasbourg jusqu'à vendredi des intellectuels, des hommes politiques, des ONG et des jeunes du monde entier qui se penchent sur le fossé grandissant entre les citoyens et les élites politiques autour de quatre questions principales : "De la démocratie des partis à la démocratie des citoyens?", "Médias : amis ou ennemis de la démocratie ?", "Le populisme, est-il un problème ?" et "Réponses multilatérales au populisme?".