Dernière mise à jour à 10h31 le 01/12
Un ancien commandant militaire croate de Bosnie a avalé ce qu'il a sur le moment affirmé être un poison dans une salle d'audience des Nations Unies où il était jugé pour crimes de guerre le 29 novembre et est mort peu de temps après avoir perdu son appel contre la peine de 20 ans de prison qui lui avait été infligée. Ce qui a tout du suicide de Slobodan Praljak, diffusé en vidéo et à la stupéfaction des juges qui, dans un premier moment semblaient ne pas y croire, est intervenu dans les dernières minutes du dernier jugement du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie, qui sera dissous le mois prochain après 24 ans.
Slobodan Praljak, 72 ans, a été emmené à l'hôpital après avoir bu ce qui semblait être un flacon ou un verre. Selon le porte-parole du tribunal, Nenad Golcevski, un juge du tribunal était en train de lire les appels contre lui et cinq autres criminels de guerre croates de Bosnie, quand il s'est levé et a soudainement déclaré devant la cour abasourdie « Je viens de boire du poison. Je ne suis pas un criminel de guerre. Je m'oppose à cette accusation ». Après avoir avalé la terrible boisson, il s'est assis et s'est affalé sur sa chaise, a précisé un avocat qui se trouvait dans la salle d'audience à ce moment-là.
« Praljak a bu un liquide au tribunal et est rapidement tombé malade », a annoncé M. Golcevski. Il a été traité par le personnel médical du tribunal, mais « il est décédé aujourd'hui à l'hôpital HMC de La Haye », a-t-il dit. Le juge président Carmel Agius a suspendu l'audience à la hâte et la salle du tribunal a été déclarée scène de crime par les autorités néerlandaises. Au fur et à mesure qu'une enquête médico-légale se déroulait, la pièce a été fermée et le public s'est vu demander de partir.
Le Premier ministre croate Andrej Plenkovic, dont le pays a soutenu les forces croates séparatistes dans la guerre de Bosnie de 1992-95, a dit qu'il regrettait la mort de Slobodan Praljak et a présenté ses condoléances à sa famille. « Son acte en dit le plus sur la profonde injustice éthique faite aux six Croates de Bosnie et au peuple croate ». Le TPIY a confirmé en appel la condamnation de Praljak pour crimes contre l'humanité pour persécutions, meurtres et expulsions de musulmans bosniaques de territoires capturés par des Croates nationalistes bosniaques et de l'emprisonnement brutal de 1 000 musulmans. La lecture du jugement, qui se prononçait également sur les appels contre les condamnations et les peines prononcées contre cinq autres condamnés croates de Bosnie, a repris plus de deux heures après que Praljak ait bu son poison.