Dernière mise à jour à 08h58 le 08/12
(Xinhua/Mohammad Abu Ghosh) |
Des manifestants palestiniens ont affronté jeudi des soldats israéliens en Cisjordanie, quelques heures après l'annonce du président américain Donald Trump selon laquelle les Etats-Unis reconnaissaient Jérusalem comme la capitale d'Israël.
Des affrontements ont également éclaté à la frontière sud avec la bande de Gaza, où des Palestiniens qui s'étaient approchés de la clôture de séparation avec Israël ont été dispersés par la police anti-émeute.
Selon les médias israéliens, des dizaines de Palestiniens ont été blessés dans les affrontements.
A la veille des prières hebdomadaires musulmanes du vendredi, les tensions sont particulièrement élevées.
La chaîne israélienne Channel 10 a déclaré jeudi que ce n'était qu'un "aperçu" de ce qui allait se produire le lendemain, affirmant que vendredi serait "un véritable test".
L'armée israélienne a annoncé qu'elle enverrait un certain nombre de bataillons en Cisjordanie pour renforcer la présence de l'armée dans la région et être "prête à tout événement potentiel".
La police israélienne devrait également renforcer sa présence dans la ville, selon les médias.
La Vieille Ville de Jérusalem, qui abrite des lieux saints juifs, musulmans et chrétiens, devrait être le point de mire des manifestations.
Environ 40% de la population de la ville sont des Palestiniens, qui ne disposent pas de droits à part entière selon la loi israélienne.
Dans un entretien avec Xinhua, Raghad, une Palestinienne de 21 ans qui a été l'une des leaders de la manifestation organisée devant la Porte de Damas dans la Vieille Ville, a déclaré que Jérusalem appartenait à la Palestine, et que les Palestiniens n'accepteraient jamais la décision américaine.
Nardeen Mohammad, un autre jeune activiste palestinien ayant pris part aux manifestations, a également exprimé sa colère à l'égard de la déclaration de M. Trump selon laquelle Jérusalem serait la capitale d'Israël.
"Cela représente une violation de toutes les lois internationales, qui reconnaissent que Jérusalem et les territoires palestiniens sont occupés", a-t-il déclaré. S'exprimant jeudi au cours d'une conférence du ministère des Affaires étrangères, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a remercié M. Trump, déclarant "que le temps était venu" pour l'ambassade des Etats-Unis et d'autres pays de s'installer à Jérusalem. Israël est "déjà en contact avec d'autres pays qui professeront une reconnaissance similaire", a-t-il ajouté.
Après sa déclaration de mercredi, M. Trump a signé une dérogation reportant le déménagement de l'ambassade des États-Unis à Jérusalem de six mois supplémentaires. Le transfert proprement dit ne devrait avoir lieu que dans les années à venir.
En réponse à cette déclaration, Ismaïl Haniyeh, chef du Hamas à Gaza, a appelé jeudi à un nouveau soulèvement armé contre Israël.
"Demain sera une journée de colère publique, et le début d'une Intifada (soulèvement) pour la Liberté de Jérusalem ", a déclaré M. Haniyeh.
Le Hamas est une organisation militaire responsable d'un grand nombre d'attaques, qui ont tué des centaines d'Israéliens au cours des dernières années.
En Israël, à gauche comme à droite du paysage politique, il existe par contre un large consensus quant au statut de Jérusalem comme capitale du pays.
Même Yair Lapid, chef du parti d'opposition Yesh Atid, a approuvé mercredi la décision de M. Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël, au cours d'un discours exprimant un soutien inhabituel au Premier ministre Benyamin Netanyahou.
"Les décisions politiques ne doivent pas être dictées par les menaces et l'intimidation. Si la violence est le seul argument contre le déplacement de l'ambassade américaine à Jérusalem, cela prouve simplement que c'était la bonne chose à faire", a-t-il déclaré.
Les Palestiniens, cependant, voient Jérusalem Est comme la future capitale de leur Etat indépendant, et l'annonce de M. Trump est perçue comme un revers majeur pour leur cause.
Vendredi, le Conseil de sécurité des Nations Unies devrait discuter de la décision américaine sur Jérusalem. Ce sera en grande partie un geste symbolique, les États-Unis pouvant opposer leur veto à toute résolution éventuelle.
Selon plusieurs résolutions de l'ONU, le statut de Jérusalem doit être déterminé de concert par les Israéliens et les Palestiniens, par le biais des négociations.