Dernière mise à jour à 09h32 le 12/02
La destruction d'un avion de combat israélien F-16 samedi par les forces de défense aérienne syriennes indique que la Syrie ne tolérera plus les attaques israéliennes répétées sur ses positions militaires, estiment des analystes syriens.
Cela ne signifierait pas une escalade vers une guerre totale, a déclaré à Xinhua Maher Ihsan, expert politique syrien, estimant que la Syrie donne ainsi le message selon lequel elle n'acceptera plus les attaques éclairs israéliennes contre les positions des forces syriennes.
"Cela signifie que la prochaine fois (...) la réponse ne sera plus une simple condamnation, mais de vraies représailles", a-t-il dit.
Samedi à l'aube, les forces anti-aériennes syriennes ont tiré des missiles contre des avions de guerre israéliens qui visaient une base aérienne de la province syrienne de Homs (centre) sous prétexte de la pénétration d'un drone iranien dans l'espace aérien israélien à partir de cette base.
"La réponse syrienne était différente cette fois-ci, elle reflète le changement des règles d'engagement, ce qui signifie que la partie syrienne n'acceptera plus l'infiltration et les frappes israéliennes", a déclaré M. Ihsan.
Le général Haitham Hassoun, expert militaire syrien, a déclaré à Xinhua que l'événement de samedi a marqué un nouveau départ pour le conflit israélo-syrien. C'est certainement un "choc" pour Israël, qui pourrait escalader ou arrêter sa violation de l'espace aérien syrien, a-t-il dit.
Osama Danura, expert politique syrien et membre de la délégation gouvernementale aux pourparlers syriens à Genève, a affirmé que la réponse syrienne contient deux messages.
"Le premier est que les forces de défense aérienne syriennes sont maintenant sur un niveau élevé de préparation par rapport aux années précédentes et le second est la disponibilité de la volonté politique de la direction syrienne, reflétée par les victoires de l'armée syrienne et sa reprise de la plupart des régions du pays", a déclaré M. Danura à Xinhua.
Il a indiqué que le nouveau développement a brisé le stéréotype selon lequel Israël peut violer n'importe quel espace aérien arabe en toute impunité.
"Probablement, c'est la première fois qu'un avion de combat israélien a été abattu depuis la chute d'un F-14 israélien en 1986 au Liban", a-t-il fait remarquer.
Le général Yahya Suleiman, expert dans les domaines militaires stratégiques, a déclaré à Xinhua que la Syrie avait décidé l'année dernière de riposter immédiatement toute attaque israélienne.
Il a déclaré cependant qu'il ne pensait pas que la situation dégénérera en une guerre totale, citant la crise interne du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui pourrait être jugé pour corruption.
Israël lui-même ne semble pas prêt à aggraver la situation. Un porte-parole de l'armée israélienne a déclaré samedi que son pays ne cherchait pas une escalade dans la région.
"Nous sommes prêts et capables d'exiger un lourd tribut de tous ceux qui nous attaquent, mais nous ne cherchons pas à aggraver la situation", a-t-il dit, "c'était un effort défensif déclenché par un acte d'agression iranien et nous défendons notre espace aérien, notre souveraineté et nos civils".