Dernière mise à jour à 08h30 le 22/02

Page d'accueil>>International

France : le patron des Républicains au coeur d'une polémique

Xinhua | 22.02.2018 08h30

Une série d'enregistrements diffusée en deux séquences les 16 et 20 février derniers par l'émission "Quotidien" sur TMC éclabousse le président du parti Les Républicains (LR), Laurent Wauquiez, également président de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Dans ces extraits enregistrés à son insu, il se lâche devant les élèves d'une école de commerce de Lyon, proférant entre autres de graves accusations contre le président Emmanuel Macron et Nicolas Sarkozy.

"Que Fillon gagne la primaire et que derrière, (Macron) le démolisse, ça, je suis sûr et certain qu'il l'a organisé (...) Je n'ai aucun doute que le machin a été totalement téléguidé", affirme M. Wauquiez accusant ainsi M. Macron d'avoir contribué à la défaite de M. Fillon, éclaboussé par des affaires lors de la campagne présidentielle.

Dans la première série d'enregistrements diffusée vendredi dernier, le président LR s'est également pris à l'ancien président Nicolas Sarkozy. Ce dernier "en était arrivé au point où il contrôlait les téléphones portables de ceux qui rentraient en conseil des ministres. Il les mettait sur écoute pour pomper tous les mails, tous les textos, et vérifiait ce que chacun de ses ministres disait au moment où on entrait en conseil des ministres", a-t-il dit.

La suite de ces propos diffusés dans la même émission mardi a amplifié la polémique. Dans ces nouveaux extraits, le patron des Républicains critique très sévèrement les députés d'En marche. "Vous croyez qu'un parlementaire a le moindre pouvoir aujourd'hui? Vous avez vu les guignols d'En marche? Ils sont tous avec le petit doigt sur la couture et ils doivent tous voter la même chose (...) Il n'y a aucun équilibre des pouvoirs en France. Donc, il y a une dictature totale en France", assène M. Wauquiez.

Le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes n'épargne par ailleurs ni les syndicats ni le patronat dans ses accusations. "Les associations syndicales recevaient à peu près 5 millions d'euros chaque année de la région. La CGT se fait un joli chèque de 3 millions d'euros sur le budget de la région chaque année", dit-il tout en précisant qu'avec lui les syndicats ont reçu "zéro" euro.

Mais "les plus catastrophiques", selon lui, "c'est le Medef et c'est la CGPME (organisations patronales). Eux, c'est pire que tout. C'est-à-dire, eux, ils n'en ont rien à foutre de savoir si on augmente les cotisations sur les entreprises, si on augmente le truc. La seule chose qu'ils veulent, c'est encaisser l'argent".

Laurent Wauquiez s'en est également pris à des responsables politiques de son propre camp comme le maire de Bordeaux Alain Juppé, la présidente de la région Ile-de-France Valérie Pecresse, le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin ou encore la chancelière allemande Angela Merkel et le Premier ministre canadien Justin Trudeau.

Des propos qui ont fait réagir la classe politique et le patronat qui exigent des excuses de la part du chef de LR. "C'est indigne du président de cette famille politique. Quel Laurent Wauquiez s'est exprimé devant les étudiants : Dr Jeckyll ou Mister Hyde...Dr Menteur ou Mister Cynique?", a tweeté le délégué général du mouvement En Marche, Christophe Castaner.

Le président de l'Assemblée nationale François de Rugy a invité M. Wauquiez à présenter publiquement ses excuses aux Français. "Quand il ose dire que les députés sont des guignols, que nous sommes devenus un régime totalitaire, c'est doublement insultant : c'est insultant pour les députés mais le plus grave est que c'est insultant pour notre République", a déclaré M. de Rugy à la presse.

Le patronat qui s'est également senti offensé par ces propos a lui aussi exigé des excuses à M. Wauquiez. "Il faut qu'il rectifie et on s'arrêtera là. Les élus bénévoles se sont sentis offensés. Il devrait s'excuser", a demandé le vice-président du MEDEF, Thibault Lanxade.

En réaction à la polémique, l'intéressé a menacé mardi sur BFMTV de porter plainte et de saisir la Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), estimant être "victime d'un cirque médiatique et de méthodes de voyou" après avoir été enregistré à son insu.

Sur le fond, Laurent Wauquiez a refusé de s'excuser et a assumé ses propos, sauf ceux concernant Nicolas Sarkozy. "C'est le seul passage que je regrette. J'en ai présenté mes excuses à Nicolas Sarkozy, parce qu'au-delà de la politique j'ai une profonde estime pour la personne", a-t-il expliqué.

(Rédacteurs :Guangqi CUI, Wei SHAN)
Partagez cet article sur :
  • Votre pseudo
  •     

Conseils de la rédaction :