Dernière mise à jour à 15h30 le 07/03
Le président français Emmanuel Macron a dévoilé mardi son plan prison, dans le contexte de la détérioration de l'insécurité carcérale et de la colère des surveillants.
Il a plaidé à cette occasion pour la suppression de l'automaticité d'emprisonnement pour les peines courtes de moins de six mois.
"Les peines inférieures ou égales à un mois seront proscrites, parce qu'elles ne servent à rien. Elles ne permettent aucun contrôle, aucun suivi, et nous ne pouvons plus nous permettre une justice symbolique. Nous voulons tous une justice efficace", a expliqué M. Macron à Agen, chef-lieu du département du Lot-et-Garonne (sud-ouest).
Pour lui, lorsqu'on envoie quelqu'un pour quelques semaines en prison, on ne peut ni l'aider à en sortir ni l'insérer, et "au mieux on brise sa vie familiale et la vie professionnelle qui était encore les dernières choses qui le rattachaient à la société".
En ce qui concerne les peines allant de 1 à 6 mois, M. Macron a fait savoir qu'elles pourront s'exécuter hors des établissements pénitentiaires.
"Il ne s'agira pas d'une concession à la fermeté nécessaire face à la délinquance, au contraire (...) Ces peines pourront être exécutées sous surveillance électronique en semi-liberté ou en placement extérieur dans une association qui est aussi dans certains cas une possibilité efficace d'éloignement d'un quartier ou d'une victime", a-t-il estimé.
Cette nouvelle politique de la peine vise ainsi à désengorger les prisons en accroissant un véritable contrôle "hors les murs", à faciliter le travail de la justice en simplifiant les mesures.
En revanche, M. Macron s'est montré ferme concernant les peines au dessus de six mois.
"Lorsque le juge aura prononcé des peines de prison de plus de six mois, il n'aura plus d'aménagement automatique (...) Au-delà d'une peine de prison d'un an, le juge d'application des peines ne sera plus saisi, car il n'y aura plus d'aménagement", a-t-il indiqué.
Cette politique de la peine permettra de faire preuve de la fermeté nécessaire pour protéger les citoyens, en luttant contre la récidive, en écartant les personnes qui doivent l'être parce qu'elles ont commis des faits qui le justifient, a estimé M. Macron.
Il a promis que les victimes ne seront pas oubliées, et que les crédits pour les accompagner vont augmenter au cours du quinquennat pour atteindre un volume triple de ce qu'ils étaient en 2012.
Le second pilier des transformations à conduire est relatif à la dignité du détenu.
"On est condamné à la prison parce qu'on a commis quelque chose de grave, mais on n'est pas condamné à perdre tous ses droits, sa dignité ou à vivre à trois dans 9m2", a rappelé M. Macron, tout en précisant qu'il faut faire de la prison un temps utile et un lieu de dignité.
Le premier qui a trait à cette dignité est, selon lui, la surpopulation carcérale. "Parler de la dignité, qu'il s'agisse du personnel comme des détenus, n'est pas possible dans la situation que nous connaissons aujourd'hui", selon M. Macron.
Il a annoncé à cet effet la création de 1.100 postes supplémentaires de surveillants de prison et 1.500 postes de conseillers de réinsertion.
En ce qui concerne les places de prison, M. Macron a pris l'engagement de poursuivre le projet de 1.500 places de prison lancé par son prédécesseur François Hollande.