Dernière mise à jour à 09h06 le 26/03
La France a une nouvelle fois été frappée par le terrorisme, dans un endroit que nul n'aurait sans doute soupçonné qu'il puisse être touché, Trèbes, une petite ville sans histoire du sud-ouest du pays. Le 23 mars, un jeune homme, d'origine nord-africaine et qui a déclaré allégeance à l'Etat islamique, qui a revendiqué l'attaque, a semé la terreur en tirant au hasard sur des victimes non armées : les occupants d'une voiture qui passait dans la ville de Carcassonne, dont un a été tué ; des policiers en train de faire du jogging, dont un a été gravement blessé ; et enfin les clients d'un supermarché de Trèbes, un village de 5 000 habitants à quelques kilomètres à l'est, où deux personnes ont perdu la vie, plus un haut gradé de la gendarmerie qui s'était proposé pour échanger sa place contre celle d'un otage et qui a été finalement mortellement blessé par le terroriste.
L'agresseur, qui criait « Allahu akbar » (Dieu est grand) tout en poursuivant sa sinistre besogne, a ensuite pris des otages, une tactique utilisée par d'autres extrémistes violents en France et ailleurs, notamment au théâtre Bataclan à Paris en novembre 2015, où 90 personnes perdirent la vie. Dans de tels cas, l'objectif semble être d'attirer le plus d'attention possible et de susciter la colère du public si la police tarde à répondre. Cette fois, la réaction fut relativement rapide. En milieu d'après-midi, trois heures après les premiers coups de feu rapportés, la police avait abattu le tireur dans le supermarché. À ce moment, trois personnes (en plus de l'attaquant) étaient morts, et plusieurs autres blessés, notamment le lieutenant-colonel Beltrame, qui a sacrifié sa vie pour celle d'un autre otage tout en donnant des renseignements à ses collègues avant de succomber dans la nuit, et qui est devenu un héros national, célébré en France et dans le monde, y compris par Donald Trump.
Les autorités françaises sont depuis longtemps préoccupées par le fait que les attaquants isolés, radicalisés soit par leur participation à la guerre civile syrienne, soit chez eux par l'exposition à l'extrémisme en ligne, sont difficiles à repérer avant d'agir. Le président Emmanuel Macron, parlant après la mort de l'homme armé, a parlé d'une menace terroriste persistante dans le pays, car des « individus dangereux » sont influencés par l'État islamique ou d'autres « forces extérieures ». Les ministres ont identifié l'homme armé comme un certain Redouane Lakdim, âgé de 26 ans. Connu pour des faits de petite délinquance, il était depuis quelque temps surveillé par la police pour radicalisation.
Pour M. Macron, devenu président l'année dernière, ce fut le test le plus sérieux de la manière dont son gouvernement gère une attaque, et le premier depuis que la France a levé l'état d'urgence de 719 jours imposé après le Bataclan en novembre dernier. Le jeune président français a adopté une approche musclée des extrémistes violents : contrairement à son prédécesseur, François Hollande, M. Macron ne parle pas de mener une « guerre » contre le terrorisme, mais il promeut des mesures de sécurité rigoureuses qui, selon les sondages d'opinion, sont populaires. L'opération Sentinelle, qui implique le déploiement de 10 000 soldats lourdement armés dans les rues, est ainsi très appréciée. Une loi antiterroriste, adoptée en novembre dernier pour remplacer l'état d'urgence, a rendu permanents certains pouvoirs d'urgence du gouvernement. Par exemple, le ministère de l'Intérieur, plutôt que les juges, a maintenant le dernier mot sur les ordres limitant les mouvements des suspects. Et ce sont des fonctionnaires, et non les tribunaux, qui peuvent ordonner la fermeture de lieux de culte jugés suspects.