Dernière mise à jour à 09h35 le 01/06
Confirmant ce que disaient certaines sources, Washington a finalement annoncé ses plans visant à imposer des tarifs douaniers sur les importations d'acier et d'aluminium de l'UE, tandis que le secrétaire américain au Commerce a déclaré que toute escalade du différend commercial entre les Etats-Unis et l'Europe dépendrait de la réaction du bloc.
Deux sources informées sur la question avaient précisé que la décision définitive pouvait même intervenir avant la date limite d'expiration du 1er juin pour les exemptions aux droits prévus, le secrétaire au Commerce, Wilbur Ross, précisant pour sa part au quotidien français Le Figaro que l'annonce pourrait être faite soit avant l'ouverture des marchés, soit après leur fermeture. Désormais, tout doute est levé.
Tout en ne confirmant alors pas directement si les Etats-Unis décideraient ou non d'imposer des droits de douane, il avait souligné : « Il appartient à l'Union européenne de décider si elle veut prendre des mesures de rétorsion. La prochaine question sera : comment le président (Donald Trump) réagira-t-il ? Vous avez vu sa réaction lorsque la Chine a décidé de riposter ». « S'il y a une escalade, ce sera parce que l'UE aura décidé de répondre », avait-il dit, ajoutant que Washington ne voulait pas de guerre commerciale avec l'UE. De son côté, le ministre français des Finances, Bruno Le Maire, que M. Ross a rencontré le 31 matin à Paris, avait dit la veille que l'UE ne voulait pas non plus de guerre commerciale mais qu'elle ne resterait pas inerte si Washington imposait de nouveaux droits.
En mars, Donald Trump a décrété des droits de douane de 25% sur les importations d'acier et de 10% sur l'aluminium, mais accordé des exemptions temporaires à l'UE, au Canada, au Mexique, au Brésil, à l'Australie et à l'Argentine. Pour ce faire, il a invoqué une loi commerciale de 1962 lui permettant d' ériger des protections pour les producteurs américains d'acier et d'aluminium pour des raisons de sécurité nationale, dans un contexte de surabondance mondiale des deux métaux largement imputée à la production excédentaire en Chine.
La Commission européenne, qui coordonne la politique commerciale des 28 membres de l'UE, a pour sa part soutenu que l'Union devrait être définitivement exemptée des droits de douane puisqu'elle n'était pas la cause des surcapacités d'acier et d'aluminium. En réponse, la Commission a averti que l'UE imposerait des droits sur 2,8 milliards d'euros d'exportations américaines, notamment le beurre de cacahuète et les jeans, si ses exportations de métaux vers les États-Unis, d'une valeur de 6,4 milliards d'euros, étaient soumises à des tarifs douaniers. Les nouveaux droits, qui ont accru les frictions avec les partenaires commerciaux des Etats-Unis et ont suscité plusieurs contestations devant l'Organisation mondiale du commerce, visent à permettre aux industries américaines de l'acier et de l'aluminium d'augmenter leurs taux d'utilisation de capacités pour la première fois depuis des années.
Les économistes estiment pour leur part que la confrontation avec l'UE pourrait basculer vers une guerre commerciale, en particulier après que Donald Trump ait lancé la semaine dernière une autre enquête de sécurité nationale sur les importations de voitures et de camions qui pourrait conduire à de nouveaux droits de douane. L'administration Trump a accordé des exemptions tarifaires permanentes pour les métaux à plusieurs pays, dont l'Australie, l'Argentine et la Corée du Sud, mais dans chaque cas, elle a fixé des contingents d'importation.