Dernière mise à jour à 09h37 le 04/06
Pedro Sánchez a été assermenté le 2 juin en tant que nouveau Premier ministre espagnol, un jour après avoir évincé Mariano Rajoy, son rival politique touché par le scandale, dans un vote de défiance au Parlement. M. Sánchez, qui dirige le Parti socialiste ouvrier espagnol, a prêté serment devant le Roi Felipe VI au Palais de la Zarzuela, près de Madrid. Selon son parti, il a également été le Premier ministre espagnol à le faire sans une Bible ou un crucifix. « Je jure sur ma conscience et mon honneur de remplir fidèlement les obligations de la fonction de chef du gouvernement avec loyauté envers le Roi, et de maintenir et d'appliquer la Constitution en tant que norme fondamentale de l'Etat », a déclaré M. Sánchez. M. Rajoy, qui était présent à la cérémonie, a serré la main de son successeur et lui a souhaité bonne chance.
En prenant ses fonctions, ce politicien de 46 ans fait face à des défis importants. L'Espagne a été déchirée l'année dernière par la crise de l'indépendance de la Catalogne, qui reste non résolue, et de nombreux Espagnols continuent de ressentir les effets de la crise économique mondiale. Pedro Sánchez -un professeur d'économie pro-européen qui fut un joueur de basket-ball passionné dans sa jeunesse- avait déjà dit qu'il appellerait à des élections anticipées s'il devenait Premier ministre. Il a travaillé sur son gouvernement ce week-end, et celui-ci sera annoncé à un moment donné la semaine prochaine, a annoncé son parti. Les socialistes ont obtenu le soutien, dans le vote de la motion de défiance, d'un certain nombre d'autres partis au parlement, notamment les anti-austérités de Podemos, les partis pro-indépendantistes catalans et le parti nationaliste basque.
Son propre parti ne détenant que 84 sièges dans une chambre de 350 sièges, M. Sánchez va désormais devoir tenter de maintenir ces partis, avec leurs programmes différents, de son côté afin d'adopter une loi quelle qu'elle soit. De son côté, le Président séparatiste catalan Quim Torra a appelé le 2 juin à un dialogue avec M. Sánchez, tandis que des membres de l'exécutif régional catalan ont prêté serment à Barcelone, mettant fin à sept mois de gouvernement direct par Madrid. « Parlons et rencontrons-nous », a déclaré M. Torra. « Prenons des risques, de votre côté et de notre côté, siégeons à la même table et négocions de gouvernement à gouvernement, car la situation que nous vivons ne peut durer plus longtemps », a-t-il demandé, alors que la campagne pour l'indépendance de la Catalogne a plongé l'Espagne dans sa pire crise politique depuis des décennies.
S'exprimant le 1er juin sur Twitter, Pedro Sánchez a promis un nouveau départ pour le pays. « L'Espagne commence une nouvelle page, une période pour recouvrer la dignité de ses institutions : de la responsabilité, du dialogue et du consensus, il est temps de travailler pour l'égalité, de construire un pays qui ne laisse personne derrière ». Mariano Rajoy était au pouvoir depuis 2011 en tant que chef du Parti populaire. Le 1er juin, il est devenu le premier leader de la démocratie moderne en Espagne à perdre un vote de défiance au parlement. Son parti est en proie à des allégations de corruption depuis des années. M. Rajoy a même dû faire face à l'humiliation de témoigner dans certaines affaires contre des membres de son propre parti, bien qu'il n'ait pas figuré parmi les accusés. La motion de défiance avait été déposée par M. Sánchez après qu'un tribunal ait condamné d'anciens proches de Mariano Rajoy pour avoir manipulé des caisses noires pour aider à financer les campagnes électorales du Parti populaire. Le tribunal a également remis en question la crédibilité du témoignage de M. Rajoy au cours de la procédure.