Dernière mise à jour à 09h38 le 07/05
Le groupe séparatiste basque ETA a démantelé sa structure organisationnelle après une campagne d'indépendance de six décennies qui a coûté la vie à des centaines de personnes en Espagne et en France, après avoir déposé les armes l'année dernière et mis un terme à l'un des conflits nationalistes les plus sanglants d'Europe. De son côté, le gouvernement espagnol a malgré tout annoncé qu'il ne renoncerait pas à la poursuite de son enquête sur les crimes du passé violent du groupe, affirmant que les forces de sécurité « continueraient à poursuivre les terroristes, où qu'ils se trouvent ». L'ETA, dont les initiales veulent dire « Euskadi ta Askatasuna » ou « Pays Basque et Liberté » en langue basque, a tué plus de 850 personnes lors de sa violente campagne pour créer un Etat indépendant dans le nord de l'Espagne et le sud de la France, la plupart pendant les difficiles années 1980, quand l'Espagne passait de la dictature à la démocratie.
Dans une lettre envoyée aux institutions régionales basques et obtenue par l'Associated Press, l'ETA a déclaré qu'elle avait « complètement dissous toutes ses structures » et reconnu sa responsabilité de ne pas avoir résolu le « conflit politique » basque. Avec un soutien en baisse et l'intensification des opérations de police des deux côtés des Pyrénées, qui avaient déjà sapé sa capacité à mener une lutte armée, l'ETA avait déjà déclaré une « fin définitive » à sa campagne armée en 2011. Mais il a fallu six autres années pour que le groupe abandonne la majeure partie de son arsenal et une autre année pour annoncer que ses membres restants -moins de 50, selon les autorités espagnoles, la plupart vivant à l'étranger- se dissoudraient cette semaine.
En réponse à cette annonce, le ministre espagnol de l'Intérieur, Juan Ignacio Zoido, s'est engagé à poursuivre la ligne dure du gouvernement et a promis de continuer à enquêter sur les crimes non résolus attribués à l'ETA. « L'ETA n'a rien obtenu par sa promesse d'arrêter de tuer, et elle n'obtiendra rien en annonçant ce qu'elle appelle la dissolution », a-t-il déclaré à la presse. Dans la lettre, datée du 16 avril et publiée d'abord par le site d'information eldiario.es, l'ETA avait noté que sa dissolution « ne surmontait pas le conflit que le Pays Basque entretient avec l'Espagne et avec la France. Le Pays basque est maintenant devant une nouvelle opportunité pour finalement mettre un terme au conflit et construire un avenir collectif », a dit l'organisation. « Ne répétons pas les erreurs, ne laissons pas les problèmes pourrir ».
On ne sait pas encore exactement pourquoi la lettre a pris plus de deux semaines pour devenir publique. Un porte-parole du gouvernement régional basque a confié à l'AP qu'il avait reçu la lettre de l'ETA « quelques jours plus tôt » mais, n'ayant pas été autorisé à être cité dans les médias, a refusé d'en dire davantage. Fondé en 1958 sous le régime du général Francisco Franco, le groupe a fait la une des journaux quand il a tué le successeur désigné du Caudillo, le Premier ministre Luis Carrero Blanco, en 1973. Il est resté actif longtemps même après la mort de Franco en 1975. Au total, le groupe a tué 853 personnes en quatre décennies, d'après un décompte établi par le ministère espagnol de l'Intérieur. L'ETA a également blessé plus de 2 600 personnes, en a kidnappé 86 et en a menacé des centaines d'autres, selon les derniers chiffres. Des groupes de la société civile qui ont supervisé la fin prévue de l'ETA ont programmé pour le 4 mai un événement dans la ville de Cambo-les-Bains, dans le sud de la France, pour marquer la fin de l'organisation.