Dernière mise à jour à 16h16 le 13/06
Le dirigeant suprême de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) Kim Jong Un et le président américain Donald Trump se sont rencontrés mardi dans le cadre d'un sommet historique, le premier sommet à avoir lieu entre les dirigeants des deux pays depuis la Guerre de Corée (1950-1953).
"APPRENDRE A SE CONNAITRE"
Kim Jong Un et Donald Trump ont échangé leur première poignée de main devant les caméras à 09H00 heure locale (01H00 GMT) à l'hôtel de luxe Capella, sur l'île de Sentosa, au large de la pointe sud de Singapour.
"Ce n'est qu'un début... Nous allons avoir une grande discussion et d'excellentes relations", a déclaré M. Trump.
"Ce n'était pas facile de venir ici. Les vieux préjugés et les anciennes pratiques sont des obstacles qui nous empêchent d'aller de l'avant. Mais nous les avons surmontés pour être ici", a quant à lui indiqué M. Kim.
Les deux dirigeants se sont entretenus en tête-à-tête, accompagnés uniquement de leurs interprètes, pendant environ 40 minutes. Une rencontre élargie réunissant de hauts responsables des deux pays a ensuite eu lieu, suivie d'un déjeuner de travail.
Le sommet, dont M. Trump a expliqué qu'il visait avant tout à "apprendre à se connaître", s'est déroulé comme prévu, en dépit des nombreux rebondissements qui avaient précédé sa tenue.
POINTS ESSENTIELS
Les deux dirigeants ont signé une déclaration conjointe après le sommet. Les Etats-Unis se sont engagés à offrir des garanties de sécurité à la RPDC, en échange de l'engagement de Pyongyang en faveur d'une dénucléarisation complète de la péninsule coréenne.
"Nous allons résoudre le plus gros et le plus dangereux problème du monde", a déclaré M. Trump lors de la cérémonie de signature, ajoutant que sa rencontre avec M. Kim avait été "meilleure que ce que tout le monde avait prédit".
"Nous avons eu une rencontre historique aujourd'hui, et nous avons décidé de laisser le passé derrière nous. Le monde va assister à de grands changements", a quant à lui affirmé M. Kim.
Cette rencontre est survenue après un sommet inter-coréen le 27 avril, au cours duquel M. Kim et le président sud-coréen Moon Jae-in ont réaffirmé leur engagement en faveur d'une dénucléarisation complète de la péninsule, et ont convenu de promouvoir des pourparlers multilatéraux intégrant la Chine et les Etats-Unis dans le but de transformer l'accord d'armistice de 1953 en traité de paix.
Fin mai, la RPDC a également ouvertement démantelé son site d'essais nucléaires, ce que M. Trump a décrit comme "un geste élégant et très intelligent".
Tandis que la RPDC appelle à des mesures de dénucléarisation progressives et synchronisées, accompagnées de mesures de réciprocité de la part des Etats-Unis, comme des garanties de sécurité et un allègement des sanctions, les Etats-Unis n'en insistent pas moins sur la nécessité d'une "dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible".
"Les Etats-Unis devront quant à eux garantir qu'il n'y aura pas de changement de régime en RPDC", a expliqué Lee Sang-man, professeur à l'université Kyungnam de Séoul.
M. Trump a cependant précisé mardi au cours d'une conférence de presse donnée après sa rencontre avec M. Kim que les sanctions contre la RPDC resteraient en place jusqu'à ce que la dénucléarisation soit achevée.
Un programme d'amélioration des relations bilatérales entre les deux rivaux historiques a également été discuté au cours du sommet.
"Les Etats-Unis et la RPDC s'engagent à établir de nouvelles relations, conformément aux aspirations à la paix et à la prospérité des peuples des deux pays", a précisé la déclaration conjointe.
La RPDC et les Etats-Unis n'ont plus de relations diplomatiques depuis la Guerre de Corée de 1950-1953. Les intérêts américains en RPDC sont représentés par l'ambassade de Suède à Pyongyang.
FAIRE DES COMPROMIS
M. Trump a annoncé mardi dans sa conférence de presse que les Etats-Unis allaient mettre fin à leurs exercices militaires annuels conjoints avec la Corée du Sud, que Pyongyang a toujours dénoncés comme une répétition en vue d'une invasion du nord.
"Nous voyons maintenant se produire ce que la Chine a toujours promu. L'approche 'à double voie' est en train de se réaliser", a déclaré le professeur Lee, de l'université Kyungnam.
De fait, la Chine a longtemps défendu ce type d'approche "à double voie" : une dénucléarisation de la péninsule coréenne, et la création d'un mécanisme de paix.
Le conseiller d'Etat et ministre des Affaires étrangères chinois Wang Yi a déclaré que cette rencontre revêtait une importance capitale, et a souligné que la Chine avait toujours appelé à un tel sommet.
"Nous espérons que les deux dirigeants travailleront à éliminer les obstacles, consolider la confiance mutuelle, surmonter les difficultés, définir un consensus de base, et accomplir des progrès substantiels dans la promotion de la dénucléarisation et la création d'un mécanisme de paix dans la péninsule coréenne", a-t-il indiqué.
M. Wang a souligné que la Chine continuerait à jouer un rôle constructif dans l'établissement d'une paix durable dans la péninsule.