Dernière mise à jour à 15h29 le 24/10
Le ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas a déploré mardi la décision du président américain Donald Trump de se retirer du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI), et s'est pour sa part personnellement engagé à tenter de sauver cet accord international phare en matière de non-prolifération nucléaire.
S'adressant au groupe de presse Funke, M. Maas a indiqué qu'il mobiliserait à cet effet toutes les ressources diplomatiques à sa disposition tant qu'il resterait une chance pour le FNI de survivre à la décision "regrettable" de M. Trump. "Cet accord touche à des intérêts vitaux en Europe", a-t-il déclaré.
Selon M. Maas, le gouvernement allemand souhaite traiter cette question de manière prioritaire au cours des prochaines rencontres de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN). "Nous ne souhaitons pas nous engager dans une nouvelle course aux armements", a-t-il affirmé, ajoutant que Berlin était également prêt à faire pression sur la Russie pour s'assurer que celle-ci respecte le traité.
Au cours du week-end, M. Trump a annoncé que son gouvernement allait officiellement dératifier l'accord signé entre les Etats-Unis et l'Union soviétique en 1987. Egalement connu sous le nom de "Traité de Washington", ce traité signé pendant la Guerre froide exige des signataires qu'ils se débarrassent de tous les missiles nucléaires tirés depuis le sol dont la portée est comprise entre 500 et 5 500 km, et qu'ils créent un mécanisme de surveillance approprié à cet effet.
Bien que les Etats-Unis et la Russie adhèrent officiellement aux mesures de non-prolifération du traité, les deux pays se sont fréquemment accusés l'un l'autre d'avoir enfreint le FNI. Après l'annonce de M. Trump, la Russie a mis en garde contre la tentation d'une nouvelle course aux armements, et s'est déclarée prête à participer à des pourparlers pour tenter de préserver l'accord actuel.
Le contentieux diplomatique entre les Etats-Unis et la Russie a suscité un consensus politique d'une rare envergure à Berlin, tous les partis politiques en présence ayant fait front commun pour exprimer leur désir d'empêcher un effondrement complet du FNI.
"Le FNI doit être préservé", a déclaré devant le Comité parlementaire des Affaires étrangères Roderich Kiesewetter, représentant du bloc CDU/CSU, le bloc au pouvoir en Allemagne.
Agnieszska Brugger, porte-parole des Verts en matière de politique étrangère, est allée jusqu'à décrire le retrait américain comme une "bêtise risquée" et une "décision stupide et dangereuse".
Stefan Liebich, porte-parole du Parti de la Gauche en matière de politique étrangère, a lui aussi critiqué ce qu'il a décrit comme une "grosse erreur" de la part du président américain.
La Gauche s'est par ailleurs jointe aux Verts pour appeler l'Allemagne à suspendre sa coopération nucléaire avec les Etats-Unis au sein de l'OTAN, et à s'opposer au déploiement de nouveaux missiles à portée intermédiaire en Europe.
Norbert Roettgen (CDU), président du Comité parlementaire des Affaires étrangères, a cependant rejeté cette suggestion, affirmant qu'elle reviendrait à ignorer les inquiétudes légitimes des Etats-Unis quant au respect du FNI par la Russie.