Dernière mise à jour à 08h56 le 04/03
Alors que les autorités françaises ont multiplié les appels à cesser les manifestations, les "gilets jaunes" ont de nouveau défilé samedi pour la 16e fois à Paris et en province contre la politique du gouvernement. Une mobilisation en légère baisse et, dans l'ensemble, plus calme que la semaine précédente en dépit de quelques incidents signalés, notamment à Bordeaux, Lyon ou encore à Toulouse.
Cet acte 16 de la mobilisation a rassemblé 39.300 manifestants dans toute la France, dont 4.000 à Paris, selon le ministère de l'Intérieur.
Une légère baisse par rapport à la précédente manifestation qui avait mobilisé 46.600 personnes sur tout le territoire et 5.800 dans la capitale, selon les chiffres officiels. Outre cette légère baisse, l'acte 16 de la mobilisation des "gilets jaunes" s'est déroulé dans le calme.
C'est par exemple le cas à Paris où le défilé, parti des Champs-Elysées, s'est terminé sans incident à place Denfert Rochereau après plus d'une dizaine de kilomètres de marche. Les forces de l'ordre ont cependant fait usage un temps de canons à eau pour disperser de petits groupes de manifestants restés sur les Champs-Elysées. La préfecture de police de Paris a indiqué dans la soirée que 33 personnes avaient été interpellées.
Contrairement à Paris, la situation a été par moment tendue en province, mais sans grands incidents, selon les médias locaux. Des échauffourées entre manifestants et forces de l'ordre ont conduit à l'interpellation de 15 personnes et causé quatre blessés légers du côté des forces de l'ordre, selon la préfecture de Haute-Garonne.
La préfecture de Gironde fait également état de 15 interpellations en marge du défilé de Bordeaux, autre ville symbole de la contestation des "gilets jaunes". Parmi les manifestants figurait Loïc Prudhomme, un député de La France insoumise qui a dit avoir été victime d'une agression policière.
"Je marchais tranquillement quand on a été chargé et matraqué par les policiers (...) J'ai levé les bras en brandissant ma carte de député et en déclinant mon identité, mais rien. On a pris une volée de matraque", a-t-il dénoncé sur BFMTV, montrant une oreille ensanglantée.
Le préfet de la région Nouvelle-Aquitaine, Didier Lallement, a réagi en tweetant qu'il s'agissait d'une "manifestation non déclarée, sur un axe interdit par arrêté préfectoral" et que c'est "après sommations que les forces de l'ordre ont dispersé des gilets jaunes. Elles ont correctement fait leur travail. Je les soutiens totalement", a-t-il dit.
La France insoumise a condamné cet incident et réclamé la démission du ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, ainsi que des excuses et l'ouverture d'une enquête de l'IGPN, la police des polices. "Frapper un député symbolise la dérive autoritaire actuelle", lit-on dans le communiqué de LFI.
Cette nouvelle mobilisation est survenue au moment où les autorités ont multiplié les appels à cesser les manifestations.
Le président Emmanuel Macron avait déclaré mardi devant des élus de la région Grand Est reçus à l'Elysée qu'"on ne peut pas être dans une démocratie de l'émeute" et "ceux qui pensent que quand on est 5.000 ou 10.000 on peut, parce qu'on décide de commettre le pire ou d'endosser le pire, changer une décision publique se trompent".
Le chef de l'Etat français a même accusé les manifestants de complicité avec les casseurs. "Il faut dire que quand on va le samedi à une manifestation violente, on se rend complice du pire", a-t-il lancé.
Le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire a également estimé que "les manifestations doivent cesser". "C'est un coût très élevé, de l'ordre de 0,2 point de croissance trimestrielle. Les manifestations aujourd'hui ne mènent plus nulle part (...) Elles mènent à une impasse", avait-il déclaré jeudi sur la chaîne Public Sénat.
Selon un sondage Elabe publié en février, 56% des Français estiment que la mobilisation des "gilets jaunes" doit désormais s'arrêter contre 43%. Une première depuis le début de ce mouvement qui avait toujours bénéficié du soutien et la sympathie des Français. Cette baisse de soutien s'explique, selon l'enquête, par les violences en marge des manifestations.