Dernière mise à jour à 08h28 le 28/05
Les députés de la chambre basse du Parlement autrichien, le Conseil national, ont approuvé lundi la motion de censure contre le chancelier Sebastian Kurz et son gouvernement.
Le Parti de la liberté populiste de droite (FPÖ) a soutenu la motion de censure présentée par le Parti social-démocrate (SPÖ).
"Monsieur le chancelier, vous et votre gouvernement ÖVP ne bénéficiez pas de la confiance des députés du SPÖ", a déclaré la présidente du SPÖ, Pamela Rendi-Wagner, lors du débat parlementaire qui s'est tenu lundi à Vienne.
Les actions du chancelier constituent "une emprise sans scrupule, sans retenue et irresponsable sur le pouvoir", a-t-elle ajouté.
Au cours du débat, les partis d'opposition FPÖ, NEOS et NOW ont également vivement critiqué le chancelier Kurz.
Herbert Kickl, qui était jusqu'à récemment encore ministre de l'Intérieur et qui dirige maintenant le groupe parlementaire du FPÖ, a déclaré que ce que M. Kurz avait fait "relevait de la restauration de l'ancien axe de pouvoir de l'ÖVP".
"Cette tentative de mainmise sur le pouvoir est dégoûtante", a-t-il ajouté.
Norbert Hofer, qui venait d'être élu à la tête du FPÖ par son parti avant la réunion, a quant à lui regretté la fin de la coalition bleue-turquoise. Il a critiqué M. Kurz pour ses "objectifs égoïstes de leadership illimité".
Alfred Noll (NOW) a également décrit le chancelier Kurz comme "indigne de confiance", ajoutant que les multiples violations de ses promesses envers ses partenaires de la coalition étaient "scandaleuses".
La patronne du parti NEOS, Beate Meinl-Reisinger, dont le groupe n'a voulu appuyer aucune des mesures de censure, a pour sa part qualifié l'expérience de la coalition bleue-turquoise d'échec.
La motion de censure adoptée lundi est le point culminant préliminaire de la crise gouvernementale qui a commencé avec la publication de la vidéo scandale d'Ibiza, dans laquelle l'ancien dirigeant du FPÖ, Heinz-Christian Strache, donnait l'impression d'être ouvert aux abus de pouvoir et à la corruption. M. Strache a démissionné de ses fonctions le 18 mai, lorsque le gouvernement conservateur de droite s'est effondré.
Ce qui est arrivé lundi fait également de Sebastian Kurz -du moins pour le moment- le chancelier avec le plus court mandat de la Deuxième République d'Autriche.
Il a détrôné l'ancien détenteur du record, Christian Kern (SPÖ). Au total, 525 jours se sont écoulés depuis son entrée en fonction le 18 décembre 2017. M. Kern avait tenu 580 jours en tant que chef du gouvernement.
De son côté, le président du groupe parlementaire de l'ÖVP, August Wöginger, a déclaré qu'il n'acceptait pas la motion de censure du SPÖ. "Le parti social-démocrate agit ici contre le peuple et aussi contre la volonté du président fédéral", a-t-il affirmé, ajoutant que "ce jour est une journée que ce pays merveilleux n'a pas gagné".
Selon M. Wöginger, M. Kurz a montré qu'il pouvait très bien gérer le pays même dans une situation difficile. Lors des élections européennes de dimanche, il a même été clairement renforcé par les électeurs, a-t-il souligné.
L'Autriche a maintenant besoin de stabilité après le scandale entourant la vidéo d'Ibiza. "Les rouges-bleus font exactement le contraire aujourd'hui et plongent le pays dans le chaos", a averti M. Wöginger.
M. Kurz a dit comprendre le désir de vengeance des autres partis, et notamment celui de se mettre dans une meilleure position pour les élections. Mais que la motion de censure en réponse aux élections européennes soit désormais étendue à l'ensemble du gouvernement, est une chose que "personne dans le pays ne peut comprendre".
Il a assuré que l'ÖVP contribuerait à la stabilité du pays même en cas de démission. "Nous ne créerons certainement pas d'obstacles sur le chemin du prochain gouvernement, mais nous ferons mieux de les soutenir".
Après un vote de censure, le président fédéral doit révoquer le membre du gouvernement concerné (ou le gouvernement tout entier) de son poste, sans qu'aucune justification particulière ne soit nécessaire.