Dernière mise à jour à 10h18 le 29/11
Le président français Emmanuel Macron a reçu jeudi à Paris le secrétaire général de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN), Jens Stoltenberg, s'efforçant de resserrer les liens après les remous provoqués par les critiques de M. Macron contre l'Alliance atlantique qu'il avait jugée en état de "mort cérébrale".
Lors d'une conférence de presse conjointe à l'Elysée, MM. Macron et Stoltenberg ont cherché à afficher la sérénité avant le sommet de l'OTAN qui se déroulera la semaine prochaine à Londres.
Les récentes déclarations du président français sur l'OTAN, qui fête cette année ses 70 ans, ont provoqué des remous au sein d'une alliance déjà fragilisée par des divisions internes et les attaques répétées du président américain Donald Trump.
"Ce qu'on est en train de vivre, c'est la mort cérébrale de l'OTAN", avait déclaré M. Macron le 7 novembre dernier dans une interview accordée à l'hebdomadaire britannique The Economist, en réaction notamment à l'intervention militaire turque dans le nord de la Syrie après le retrait des troupes américaines que Washington n'avait pas notifié à ses alliés.
M. Macron a déclaré jeudi "assumer totalement d'avoir levé des ambiguïtés". Il a rappelé les "droits et devoirs des alliés les uns avec les autres". "Je respecte les intérêts et la sécurité de nos alliés turcs (...) mais on ne peut pas mettre ses alliés devant le fait accompli", a-t-il dit, insistant sur les menaces qu'une telle décision faisait peser sur la lutte contre le terrorisme.
Le président français a d'autre part appelé à un "dialogue lucide, robuste et exigeant avec la Russie".
"Notre alliance a une histoire, elle a aussi une géographie", a-t-il indiqué. "Je respecte et je défends les intérêts de nos partenaires européens. (...) Nous sommes et nous resterons intraitables dans l'intérêt de la paix et de la stabilité en Europe", a-t-il poursuivi.
Les Européens devraient être associés au traité qui remplacera l'accord russo-américain de 1987 sur les Forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI), dénoncé par les Etats-Unis, a plaidé M. Macron. "Nous ne pouvons pas déléguer notre sécurité à un accord bilatéral où aucun Européen n'est partie prenante", a-t-il dit. "Nous devons engager la discussion sur la maîtrise des armements", a-t-il ajouté, espérant que la nouvelle génération d'accords "suppose une implication des Européens".
Le chef de l'Etat français s'est également exprimé sur la mort accidentelle de 13 militaires français de l'opération antiterroriste Barkhane au Sahel, il y a trois jours, demandant une "plus grande implication" de ses alliés. "Le contexte que nous sommes en train de vivre au Sahel nous conduit aujourd'hui à regarder toutes les options stratégiques", a-t-il dit avant de désigner le terrorisme comme "l'ennemi commun" des 29 membres de l'OTAN.
Le secrétaire général de l'OTAN a quant à lui qualifié son entretien avec M. Macron de "discussion fructueuse et ouverte". Il a salué les "capacités militaires de haut niveau de la France" et son "rôle majeur" dans la lutte contre le terrorisme au Sahel et au Levant.
"Ces dernières années nous avons renforcé notre alliance beaucoup plus que depuis la fin de la guerre froide", a affirmé M. Stoltenberg, saluant l'augmentation par la France de son budget de la défense et les "efforts" de l'Union européenne dans ce sens. "Ensemble nous trouverons des moyens de renforcer davantage le rôle politique de l'OTAN", a-t-il souhaité.
Interrogé sur le budget de l'Alliance atlantique, M. Stoltenberg a répondu que "les alliés ont significativement augmenté leurs contributions" et que l'objectif restait fixé à 2% du budget de la Défense d'ici 2024.
M. Macron a par ailleurs déploré "la déconnection criante et inacceptable" des discussions au sein de l'OTAN sur le montant de la contribution financière américaine. Depuis son arrivée au pouvoir, le président américain Donald Trump réclame avec virulence un meilleur "partage du fardeau" entre les Etats membres de l'OTAN et attaque frontalement ceux qu'il traite de "mauvais payeurs".
D'ici le sommet de l'OTAN à Londres (les 3 et 4 décembre), le président français doit s'entretenir avec plusieurs autres dirigeants.