Dernière mise à jour à 10h08 le 10/03
L'impact de l'épidémie de COVID-19 sur la croissance française en 2020 sera "sévère", a prévenu lundi le ministre français de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire, tandis que la Banque de France s'inquiète d'un "choc d'incertitude" et que la liste des secteurs d'activité affectés par la crise sanitaire s'allonge.
"L'impact sera sévère sur la croissance française en 2020", a déclaré lundi sur France Inter Bruno Le Maire, interrogé sur les conséquences de l'épidémie de COVID-19. "Cet impact sera de l'ordre de plusieurs dixièmes de points de PIB", a-t-il ajouté avant de concéder: "On peut parfaitement envisager d'être en dessous de 1 point de PIB en 2020". Les prévisions tablaient jusqu'ici sur une croissance de 1,3% du PIB.
Dans son estimation publiée lundi, la Banque de France a abaissé sa prévision de croissance au premier trimestre 2020, à 0,1% au lieu de 0,3%.
Tandis que les bourses européennes, dans la foulée des bourses asiatiques, essuyaient dans la matinée de très fortes pertes suite à une chute historique du cours du pétrole, Bruno Le Maire a appelé à "la mobilisation générale" pour "un plan de relance européen massif".
"J'attends de l'Europe une réponse forte, massive, coordonnée", a-t-il insisté à une semaine d'une rencontre des ministres européens de l'Economie. "Il y aura, dans l'histoire de l'économie mondiale, un avant et un après coronavirus (...) Nos peuples demandent que nous soyons plus indépendants", a-t-il par ailleurs estimé.
Bruno Le Maire a d'autre part reçu, lundi à Bercy, aux côtés de sa secrétaire d'Etat, Agnès Pannier-Runacher, et de la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, une trentaine de représentants des entreprises et des secteurs économiques. L'inquiétude est particulièrement grande dans les rangs des petites et moyennes entreprises (PME). Parmi les secteurs les plus touchés jusqu'ici : l'événementiel (tous les rassemblements de plus de 1.000 personnes sont désormais interdits), la restauration, le spectacle, le tourisme, le luxe mais aussi une partie des transports et du commerce qui a déjà souffert de la crise des "gilets jaunes" et des grèves contre la réforme des retraites.
Pour soutenir les entreprises, le ministre de l'Economie et des Finances a notamment évoqué des reports de charges sociales et fiscales, des dégrèvements d'impôts, un recours au chômage partiel. Quelque 900 entreprises ont déjà demandé à bénéficier de mesures de chômage partiel pour environ 15.000 salariés, a indiqué dimanche la ministre du Travail Muriel Pénicaud.
Selon l'enquête mensuelle de conjoncture menée par la Banque de France auprès des chefs d'entreprise publiée lundi, l'activité a été moins bonne que prévue en février et les perspectives de production pour le mois de mars ne sont pas optimistes. "Cette première enquête à chaud auprès de 8.500 entreprises montre le contraste entre la production constatée (sur janvier-février) [...] et une incertitude forte sur la production à venir liée au coronavirus", a commenté le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau.
D'après cette enquête, près d'un cinquième des entreprises interrogées prévoient un impact du COVID-19 sur leur activité. Dans l'industrie, la plupart des secteurs (automobile, équipements électriques, produits informatiques, pharmacie notamment) enregistreraient une baisse de la production. Dans les services, l'hébergement et la restauration, le transport et le travail temporaire tablent sur un ralentissement marqué.
La Banque de France évoque un "choc d'incertitude". "Ce choc d'incertitude touche d'abord les secteurs exposés à la Chine, soit via leurs approvisionnements, soit via leurs clients (tourisme, luxe). Mais il atteint aussi en France les services où la demande a freiné du fait des mesures prises pour contenir l'épidémie: transports, hébergement-restauration, événementiel et intérim", a estimé François Villeroy de Galhau.
"Notre principal risque économique dans la durée, ce serait de passer de la vigilance, qui s'impose, à une surréaction en chaîne qui nous bloquerait", a-t-il ajouté. "La mise en oeuvre de mesures de protection et de confinement sur le territoire national du fait de la mise en quarantaine d'une partie de la force de travail pourrait impliquer un effet négatif additionnel sur l'offre en France", juge l'institution financière.