Dernière mise à jour à 09h16 le 03/07
Les dissensions entre les Etats-Unis et l'Europe s'accumulent ces dernières années, surtout au cours de celle-ci, des GAFA au dossier iranien, les différends et les menaces se sont multipliés. Selon plusieurs médias européens, le Vieux Continent s'interroge désormais sur l'avenir de ses relations avec l'Amérique.
Le dernier acte inamical de la partie américaine, qui a suscité une incompréhension totale dans une Europe en pleine crise sanitaire, est sa décision d'interdire à la mi-mars l'accès des Etats-Unis aux personnes ayant séjourné ou transité dans l'espace Schengen, à l'exception du Royaume-Uni et de l'Irlande, avant de les inclure eux aussi.
Raison invoquée : éviter la propagation du nouveau coronavirus sur le sol américain. La décision a vite été qualifiée d'"unilatérale, prise sans aucune consultation" par la Commission européenne. Sa présidente, Ursula von der Leyen, a jugé dans un communiqué que la lutte contre ce fléau nécessitait "une coopération plutôt qu'une action unilatérale".
Le Conseil de l'Union européenne a pour sa part adopté mardi dernier une recommandation visant à lever les restrictions d'entrée pour les résidents de certains pays tiers à compter du 1er juillet. Les Etats-Unis, un allié traditionnel de l'UE et une source importante de tourisme, ne figurent pas sur la liste, faute d'avoir maîtrisé le virus sur son sol.
A cette bisbille en pleine épidémie s'ajoute une nouvelle menace des Etats-Unis qui vient davantage compliquer leurs relations : l'annonce du retrait de 9.500 des 34.500 soldats américains stationnés en Allemagne.
D'abord annoncée par les journaux américains début juin, cette menace a été confirmée le 15 juin dernier lors d'une visioconférence entre le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo et ses homologues européens.
Selon plusieurs médias occidentaux, ce projet de retrait sonne comme une réponse au refus de la chancelière allemande Angela Merkel de participer physiquement au sommet du G7 qui était prévu fin juin aux Etats-Unis.
Pour Simon Koschut, un spécialiste allemand des relations transatlantiques, interrogé par le quotidien français La Croix, cette "menace ressemble à une sanction contre un pays que Donald Trump considère comme un concurrent économique".
Ces dernières actualités traduisent l'ampleur du désaccord entre les dirigeants européens et Donald Trump. Parmi les sujets qui divisent les deux camps et enveniment les relations transatlantiques figure aussi le dossier sur le nucléaire iranien.
Les Etats-Unis se sont retirés unilatéralement de l'accord sur le programme nucléaire iranien, signé en juillet 2015 à Vienne par ses alliés européens, au côté de la Chine et de la Russie, en imposant des sanctions à toute banque ou entreprise, européenne comprise, qui prendrait le risque de commercer avec l'Iran.
Le retrait des Etats-Unis de l'accord de Paris sur le climat, l'application de taxes douanières sur les importations d'aluminium (10%) et d'acier (20%), sur les vins français (25%) depuis octobre dernier, ainsi que ses menaces incessantes de taxer les véhicules allemands ont tous contribué à détériorer fortement les relations transatlantiques.
Parmi ces sujets de désaccords figure la taxation des géants du numérique communément appelés GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple). En représailles, l'administration Trump, qui fustige une fiscalité "injuste" et "protectionniste", a notamment menacé de surtaxer "jusqu'à 100%" l'équivalent de 2,4 milliards de dollars de produits français dont le vin, le champagne et le fromage.
En janvier, la France a envisagé de suspendre son impôt sur les grandes entreprises du numérique, baptisé "taxe GAFA", afin de trouver un accord international au sein de l'OCDE. Mais son ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, a qualifié en juin de "provocation" la décision américaine de faire une pause dans les discussions sur cette taxe sur les géants du numérique.