Dernière mise à jour à 09h18 le 26/01
L'Organisation internationale du travail (OIT) a averti lundi que la reprise en 2021 du marché mondial du travail serait "inégale et aléatoire" à moins que les premières améliorations ne soient soutenues par des politiques de redressement centrées sur l' être humain.
Dans son dernier "Observatoire de l'OIT : le COVID-19 et le monde du travail", l'agence onusienne a confirmé l'impact massif subi par le marché du travail en 2020.
Les chiffres montrent que, sur l'ensemble de l'année dernière, 8,8% des heures de travail dans le monde ont été perdues par rapport à l'année précédente, ce qui équivaut à 255 millions d'emplois à temps plein.
"2020 a été le plus grand choc pour le monde du travail depuis les années 1930, depuis la Grande Dépression. C'est vraiment grave", a déclaré le directeur général de l'OIT, Guy Ryder, lors d'une interview accordée à Xinhua.
Ces pertes massives ont entraîné une baisse de 8,3% des revenus du travail de manière globale avant la prise en compte des mesures de soutien, ce qui équivaut à 4,4% du produit intérieur brut mondial (PIB), selon les données de l'OIT.
Interrogé sur les perspectives du marché mondial du travail cette année, M. Ryder a déclaré : "Nous avons élaboré trois scénarios : un scénario de base, un scénario plus optimiste et un scénario plus pessimiste. Pour le scénario de base, nous pensons que cette réduction des heures de travail, comparée à la période pré-pandémique qui était de 8,8% en 2020, pourrait être réduite à seulement 3% en 2021. C'est une amélioration."
M. Ryder a aussi souligné que la reprise du marché du travail en Chine montrait des signes prometteurs pour cette année.
"La Chine s'est très, très fortement remise du coup dur qu'elle a subi très tôt dans la pandémie, au deuxième trimestre de 2020. La Chine a été l'un des pays qui ont retrouvé une croissance globalement positive en 2020", a-t-il affirmé.
"On voit par exemple les exportations manufacturières et industrielles évoluer très rapidement. La Chine se distingue comme un chef de file dans le processus de reprise", a ajouté M. Ryder.
Le rapport a également mis en évidence un impact mondial inégal de la crise sur les différents groupes démographiques. Les femmes ont été plus touchées que les hommes par les perturbations entraînées par la pandémie sur le marché du travail. Au niveau mondial, les pertes d'emplois ayant affecté les femmes s'élèvent à 5% contre 3,9% pour les hommes.
Les jeunes travailleurs ont également été durement touchés, soit en perdant leur emploi, soit en quittant la vie active ou encore en retardant leur entrée sur le marché du travail.
Les pertes d'emplois chez les jeunes (âgés de 15 à 24 ans) s'élevaient à 8,7% par rapport à 3,7% pour les adultes. "Cela met en évidence le risque plus que jamais réel d'une génération perdue", a noté le rapport.
Pour l'avenir, M. Ryder a souligné que la plupart des pays devraient connaître une reprise relativement forte au second semestre de cette année avec l'entrée en vigueur des programmes de vaccination, mais a averti que des "incertitudes massives" subsistent quant à la trajectoire future de la pandémie.
"Nous devons appliquer les bonnes politiques pour nous assurer que nous nous dirigeons vers ce que nous appelons une reprise centrée sur l' être humain. Un programme qui place les emplois, les revenus, les droits des travailleurs et le dialogue au centre de la politique", a-t-il précisé.
"Il ne s'agit pas de retourner là où nous étions avant la pandémie. Nous voulons reconstruire en mieux pour apporter les améliorations nécessaires à long terme", a-t-il martelé.