Les résultats de l'essai clinique d'un vaccin contre le paludisme récemment annoncés par une équipe américaine sont une importante avancée scientifique, toutefois il est trop tôt pour dire si le vaccin pourra protéger tous les types de paludisme, a indiqué à Xinhua un expert de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS).
Les scientifiques s'efforcent de produire un vaccin antipaludéen depuis les années 1960. Des chercheurs américains ont annoncé des résultats très prometteurs et sans précédent de l'essai clinique d'un vaccin contre le paludisme. Ce vaccin a été fabriqué à partir de parasites affaiblis responsables de cette maladie et a permis d'obtenir jusqu'à 100% de protection chez six des neuf adultes ayant reçu la plus forte dose. Pour cet essai de Phase 1, 40 personnes de 20 à 44 ans ont participé.
Dans le monde entier, actuellement, une vingtaine de projets sont en cours d'essai pour réduire la mortalité qui s'élève à 660. 000 personnes sur plus de 219 millions de cas, a affirmé le Docteur Vasee Moorthy, expert des vaccins contre le paludisme à l' OMS, lors d'une interview accordée à Xinhua.
Tout en estimant les résultats annoncés par les experts américains, le Docteur Vasee Moorthy a indiqué que la protection obtenue chez ces six personnes est une importante avancée scientifique.
Il a ajouté que « pour le moment il est trop tôt pour dire si ce vaccin pourra protéger tous les types de paludisme ». En effet cet essai était de Phase 1 et donc seules 40 personnes y participaient.
Consulté sur la question des différentes phases à suivre pour atteindre le stade de vaccin efficace contre le paludisme, le Docteur Thomas Teuscher, Directeur adjoint du Programme de lutte contre le paludisme (RBM), a expliqué que « la Phase 1 permet de tester la sécurité sur des adultes en bonne santé, le but de l' opération n'est pas l'efficacité mais la sécurité ». « La Phase 2 consiste à vérifier la sécurité sur une population saine choisie, par exemple sur des enfants âgés de plus de 5ans », « la Phase 3 testera l'efficacité et seulement au terme de différentes études on sera en mesure de dire si le vaccin protège ».
Selon le Docteur Vasee Moorthy, « des essais cliniques sont en cours pour plus d'une vingtaine de projets. Parmi eux, le vaccin au stade le plus avancé est évalué dans le cadre d'un essai clinique en phase 3.
Ce produit s'appelle RTS,S et a été mis au point sur la base d'un partenariat entre GlaxoSmithKline Biologicals et l'Initiative pour un vaccin antipaludique (MVI) de PATH, avec des fonds de la Fondation Bill & Melinda Gates. L'essai du RTS,S porte sur plus de 15.000 personnes dans huit pays africains ». « Il faut compter environ 5 à 10 ans entre la Phase 1 et la Phase 3 », a-t-il précisé.
« Lorsque les résultats de l'essai clinique en Phase 3 seront connus, fin 2014, l'OMS convoquera son groupe technique pour évaluer l'innocuité et l'efficacité du vaccin et envisager une recommandation politique de l'Organisation. Selon les résultats définitifs de l'essai, l'OMS pourrait publier une recommandation sur l'utilisation du vaccin à la fin de 2015 », a expliqué l' expert de l'OMS.
« Il existe de nombreuses interventions efficaces pour réduire la charge de morbidité due au paludisme: prévention au moyen de la lutte antivectorielle contre les moustiques, l' utilisation des moustiquaires imprégnés d'insecticide, des pulvérisations dans les habitations, des tests de diagnostic rapide ; traitement des cas confirmés avec des médicaments antipaludiques efficaces », a rappelé le Docteur Vasee Moorthy.
Selon les estimations de l'OMS, 219 millions de cas de paludisme ont provoqué environ 660.000 décès en 2010. L'Afrique est le continent le plus touché avec 90 % des décès par paludisme, principalement chez l'enfant de moins de cinq ans.