Un nombre croissant de scientifiques et d'ingénieurs qui ont travaillé à l'étranger sont à la recherche d'opportunités d'affaires en Chine après avoir rencontré des obstacles dans leur carrière à l'étranger.
Plus de 200 ressortissants chinois et des représentants de 30 associations pour les Chinois à l'étranger ont assisté à la conférence sur les échanges internationaux de professionnels de Chine, d'une durée de deux jours, qui s'est tenue au Centre des conventions et expositions de Shenzhen, qui a pris fin jeudi.
Certains d'entre eux, qui avaient encore leurs bagages avec eux, se sont précipités vers le lieu dès le matin, désireux de discuter de propositions de projets avec des investisseurs et des partenaires potentiels.
Hui Wenhua était l'un d'entre eux. Il a travaillé pour une société de produits chimiques électroniques dans le New Jersey, aux États-Unis, pendant 18 ans, gravissant les échelons de chercheur à scientifique en chef du département de recherche et développement. Agé de 62 ans, il dit qu'il n'est pas disposé à prendre sa retraite.
« Après avoir lu les articles des médias concernant la grave pollution chimique en Chine, je me suis rendu compte que je pouvais être utile avec mon expertise », a-t-il dit.
Expert en plaquage au chrome -une technique de galvanoplastie qui consiste à déposer une fine couche de chrome sur un objet métallique ou plastique- il dit que la plupart des ateliers en Chine utilisent encore une technique classique qui contamine l'environnement et augmente les risques de cancer du poumon et de leucémie chez les ouvriers.
« Beaucoup d'entreprises en Chine rejettent secrètement des polluants, parce qu'elles ne veulent pas investir dans le traitement de la pollution et économiser de l'argent », a-t-il dit, ajoutant qu'il y a de nombreux ateliers non agréés en plus des milliers qui sont enregistrés.
M. Hui a indiqué que la technique utilisée aux Etats-Unis, qu'il peut aider à introduire en Chine, ne génère aucune pollution. Elle permet aussi d'économiser sur les coûts, l'énergie et améliore la durabilité du produit.
« Environ 15 personnes, dont des représentants du Gouvernement et des patrons d'entreprises privées, ont manifesté leur intérêt pour mon projet d'entreprise », a-t-il dit.
M. Hui a indiqué que des investissements de 80 millions de Yuans (13 millions de Dollars US) sont nécessaires pour introduire cette technique des États-Unis et amener son équipe de cinq chercheurs en Chine.
Nicole Wu, consultante au Centre d'échanges internationaux d'universitaires chinois d'Amérique du Nord, dit que la Chine est considérée comme un endroit idéal par un nombre croissant de Chinois de l'étranger pour démarrer une entreprise, du fait de son énorme marché et de politiques gouvernementales favorables.
Le centre d'échange, qui est enregistré aux États-Unis et agit comme un pont entre ce pays et la Chine, a organisé le pavillon dédié aux Chinois de l'étranger débutant une carrière en Chine lors de la conférence de Shenzhen.
La plupart de ceux qui veulent commencer une carrière sont des hommes quadragénaires et quinquagénaires avec une formation en sciences et technologies dit Mme Wu.
Roche Lau, Directeur général adjoint à la branche de Shenzhen de la Beijing Foreign Enterprise Human Resources Service, co-organisatrice de la conférence, a déclaré que de nombreux professionnels chinois à l'étranger rencontrent des « plafonds de verre » dans leur carrière.
« Pour de nombreux scientifiques et ingénieurs chinois dans les pays occidentaux, même ceux avec des réalisations dans leurs domaines, leurs perspectives de carrière sont limitées à la recherche », a-t-il dit.
Cependant, la Chine a grand besoin de sciences appliquées dans la protection de l'environnement, les technologies de l'information, les nouveaux matériaux et les énergies nouvelles et les compétences médicales, afin que les Chinois de l'étranger possédant une expertise pertinente aient un avantage, a dit M. Lau.
Zhang Mingjie, de la Province du Jilin, est allé à Nagoya au Japon en 1990 pour ses études de doctorat en ingénierie, il s'y est installé avec sa famille et y a travaillé comme chercheur pour une entreprise de conception de conservation de l'énergie en 1996.
M. Zhang avait prévu de lancer une entreprise de services énergétiques en Chine l'an dernier en envoyant ses propositions commerciales aux collectivités locales et aux sociétés de capital-risque dans le pays, mais la concurrence pour le financement s'est avérée plus féroce que prévu.
« J'ai envoyé ma proposition pour un concours de plan d'affaires organisé par le gouvernement de Jiaxing, dans la Province du Zhejiang, mais il n'a pas passé le premier tour des 700 candidatures parce que je n'ai pas de brevet pour les technologies d'économies d'énergie », dit M. Zhang, âgé de 59 ans.
M. Zhang espérait des investissements de 16 millions de Yuans pour mettre en place son entreprise. Cependant, les banques chinoises préfèrent accorder des prêts à des projets qui remportent des concours de plans d'affaires du gouvernement, tandis que les entreprises de capital-risque privilégient des projets qui génèrent de l'argent rapide.
Lors de la conférence de Shenzhen, les investisseurs de capital-risque ont promis un financement d'environ 20 millions de Yuans pour 50 projets.
Selon les statistiques publiées par le comité organisateur, la plupart des associations à l'étranger sont également parvenues à un accord initial pour la coopération avec les organisations nationales.
La conférence a été organisée par l'Administration des affaires d'État des affaires des experts étrangers et le Gouvernement de Shenzhen.
Mercredi, le Gouvernement de Shenzhen a offert 40 millions de Yuans de fonds d'amorçage à 122 entrepreneurs qui ont étudié à l'étranger pour se lancer dans les affaires dans la ville du Sud de la Chine.
Shenzhen a en effet émergé comme l'une des destinations les plus populaires pour les entrepreneurs qui ont été formés à l'étranger. Des loyers commerciaux faibles, des financements de démarrage et des politiques fiscales favorables ont permis aux professionnels de se lancer en affaires là-bas.
Le comité organisateur a dit que Shenzhen compte 1.700 entreprises dirigées par d'anciens étudiants qui revenus de l'étranger. Presque toutes sont des entreprises high-tech, dont environ 30 ont une production annuelle de plus de 100 millions de Yuans.