Dépourvus de seuils et équipés de cuisinières plus basses et de barres d'appui dans les salles de bain, certains logements reconstruits après les séismes sont légèrement différents.
Il s'agit de maisons de survivants gravement blessés ou handicapés dans les tremblements de terre. Ces modifications nécessaires à leur nouvelle vie ont été mises en place avec le soutien d'une équipe d'aide.
Cette équipe travaille pour une "initiative d'intervention de soins" qui a été lancée après le violent séisme de Wenchuan et qui est actuellement menée dans la zone sinistrée de Ludian après avoir acquis des expériences dans les séismes de Yushu et de Ya'an.
Si l'on n'aide pas les survivants à se réadapter à la société, on ne peut pas vraiment dire qu'on les a sauvés, estime Min Jiajian, directeur de la responsabilité sociale chez Sanofi Chine, qui vient de revenir de Ludian.
De Wenchuan à Ludian, M. Min a beaucoup réfléchi à l'aide aux survivants gravement blessés et handicapés. Après les catastrophes, les entreprises qualifiées doivent apporter une aide professionnelle et rationnelle au lieu de simplement faire des dons, explique-t-il.
Après le séisme de Wenchuan, Sanofi a coopéré avec Handicap International pour lancer cette initiative qui vise à fournir un soutien à moyen et long terme pour la réadaptation de nombreux survivants handicapés et à aider les hôpitaux locaux à améliorer leur niveau de soins et de rééducation afin d'aider les patients à mieux se réadapter physiquement et psychologiquement.
Cette "initiative d'intervention de soins" se divise en trois étapes : rééducation à l'hôpital, réadaptation au niveau du domicile et réadaptation au niveau du quartier. Cependant, le développement de la première étape a connu un début tardif en Chine. Avant 2008, aucun hôpital dans les municipalités ayant le statut de préfecture de deuxième rang n'était qualifié pour mener un travail de réadaptation moderne. Quant à la troisième étape, elle ne se développe pas correctement à travers le pays, notamment dans les zones sinistrées les plus pauvres, où elle est presque inexistante, déclare Li Hong, directrice du programme de Handicap International Chine.
Selon elle, après les catastrophes, les hôpitaux locaux n'ont ni le temps ni la capacité d'aider à la rééducation des patients, et l'intervention des organisations non-gouvernementales est donc nécessaire. Elle précise avoir aidé l'Hôpital populaire de Mianzhu, situé dans l'un des lieux les plus touchés par le séisme de Wenchuan, à établir un centre de réadaptation doté de 40 professionnels de santé, alors que l'établissement était auparavant dépourvu d'un véritable service de rééducation.
De plus, les bénévoles suivent de près les patients qui rentrent chez eux. Grâce à des conseils sur la réadaptation familiale, à des logements reconstruits en tenant compte des contraintes de mobilité réduite, ainsi qu'à une aide de subsistance, les patients renouent progressivement avec une vie familiale et sociale normale.
Certains blessés réintègrent rapidement la société. Avec l'aide de bénévoles, leurs fabrications artisanales sont vendues non seulement dans leur région, mais aussi sur Internet, précise M. Min.
Selon les statistiques de Handicap International, les programmes de Wenchuan, Yushu et Ya'an ont aidé 3.000 survivants gravement blessés et handicapés. L'indice de Barthel a respectivement augmenté de 14%, 21% et 74% pour les patients atteints de fractures, ceux ayant subi une amputation et ceux souffrant de blessures à la moelle épinière. Cet indice permet de mesurer le niveau de capacité d'un sujet à l'exécution des activités de la vie quotidienne.
Cependant, chaque programme possède des objectifs et une durée qui lui sont propres et ne peut prendre soin indéfiniment des personnes handicapées. A la fin du programme, les survivants gravement handicapés sont confiés aux centres de réadaptation et aux associations locales des handicapés, indique Mme Li, ajoutant que ces deux types d'organismes, à travers une coopération avec l'équipe de l'initiative, ont amélioré leurs capacités d'intervention et de réadaptation.
Aujourd'hui, le programme à Ludian progresse bien et bénéficie des expériences des programmes précédents. L'on estime à près de 300 le nombre de patients qui devront être suivis pendant deux ans.
Six jours après le séisme de Ludian, Mme Li a reçu un message de Li Jianan, président de la Société internationale de médecine physique et de réadaptation et membre de l'équipe d'experts envoyée dans la zone sinistrée par la Commission nationale de la santé et de la planification familiale. Selon celui-ci, "il a été décidé lors de la réunion de coordination médicale organisée cet après-midi de créer un centre de réadaptation pour les blessés du tremblement de terre. Cette décision a nécessité un mois de moins que celle adoptée après le séisme de Wenchuan ! Cela démontre l'importance accordée par le gouvernement à la réadaptation des survivants dans les opérations de secours".
M. Min estime désormais que le plus important est de sensibiliser la société à l'importance de l'aide à la réadaptation des patients.