Dernière mise à jour à 10h11 le 10/06
La Thaïlande ne plaisante pas avec le respect de la monarchie et de ses représentants, et la presse internationale se fait régulièrement écho de lourdes condamnations à ce sujet. Un Thaïlandais vient tout récemment de l'apprendre à ses dépens en étant condamné à 35 ans de prison pour des messages sur Facebook considérés comme insultants pour la famille royale ; c'est l'une des peines les plus sévères prononcées pour un crime qui protège et isole littéralement la monarchie thaïlandaise contre toute critique, fût-elle parfois anodine en apparence. Un tribunal militaire de Bangkok l'a condamné pour 10 chefs d'accusation de lèse-majesté pour avoir posté des photos et des vidéos de la famille royale sur un compte Facebook qui aurait soi-disant appartenu à un autre utilisateur.
Le prévenu, un certain Wichai, 34 ans, dont le nom de famille n'a pas été dévoilé pour protéger ses proches de l'ostracisme, a été accusé d'avoir utilisé le compte pour calomnier un ancien ami, a déclaré iLaw, un groupe qui suit les affaires de diffamation royale. « La cour l'a puni de 7 ans par chef d'accusation. Au total, il a reçu une peine de 70 ans, mais elle a été réduite de moitié parce qu'il a avoué », a déclaré Yingcheep Atchanont d'iLaw. En Thailande, les affaires de lèse-majesté sont habituellement voilées du secret, les médias étant obligés de censurer fortement les détails afin d'éviter de violer la loi, dont l'interprétation peut être particulièrement large. Les journalistes ont par ailleurs été empêchés d'entrer dans le tribunal militaire où le verdict de Wichai a été annoncé.
Plus tard dans la journée de vendredi, un tribunal pénal a condamné une autre personne pour crime de lèse-majesté à deux ans et demi de prison pour avoir téléchargé un clip audio d'une émission de radio politique clandestine qui a été jugée insultante pour la monarchie. L'utilisation de la loi, draconienne, a augmenté sous la junte royaliste qui a pris le pouvoir en 2014, plus de 100 personnes ayant été accusées depuis le coup d'Etat. Les poursuites ont continué depuis l'accession au trône du nouveau Roi de Thaïlande, Maha Vajiralongkorn, qui a succédé à son père profondément vénéré fin 2016. Les observateurs ont observé de près comment le nouveau roi considère cette loi controversée qui, dans les faits, bloque tout examen minutieux de l'opaque et puissante monarchie de la Thaïlande.
Selon iLaw, Wichai avait initialement réfuté les accusations, mais a ensuite avoué après avoir attendu plus d'un an en prison que les procédures judiciaires commencent. Les suspects de crimes de lèse-majesté sont rarement acquittés libérés sous caution. La loi stricte sur la lèse-majesté font un crime de critiquer, diffamer ou insulter les membres de la famille royale. En pratique, cela signifie que la discussion ouverte ou les rapports critiques sur la famille royale sont considérés comme illégaux. Certains accusent la junte militaire, qui a pris le pouvoir en 2014, d'utiliser ce texte de loi -qui peut voir des personnes emprisonnées jusqu'à 15 ans pour chaque chef d'accusation- pour étouffer les velléités d'opposition.