Le nouveau Roi de Thaïlande gracie des dizaines de milliers de condamnés

Le nouveau Roi de Thaïlande, Maha Vajiralongkorn, a procédé à une grâce massive de condamnés, un premier acte de « miséricorde » décrété à l'heure où le nouveau monarque tend la main à ses sujets après la mort de son père, vénéré par la population. L'ancien Roi Bhumibol Adulyadej est décédé en octobre à l'âge de 88 ans après un règne de près de 70 ans, laissant la nation politiquement fébrile sans sa figure unificatrice. Son fils unique, Vajiralongkorn, âgé de 64 ans, a été proclamé Roi au début de décembre.

Mais le nouveau monarque, trois fois divorcé, est encore loin de bénéficier du même niveau de dévouement d'un public bien informé sur les rumeurs sur sa vie privée, même s'il ne la commente pas pour e pas encourir les foudres de la justice. Selon une déclaration publiée dimanche, dans la Gazette Royale, organe porte-parole du palais, le pardon accordé aux prisonniers est la « première chance, depuis qu'il est monté sur le trône, de montrer la miséricorde du Roi » de Vajiralongkorn.

Les amnisties étaient des événements annuels sous le règne de son père Bhumibol. Les femmes emprisonnées pour une première infraction, certains détenus qui avaient purgé un tiers de leur peine, et les détenus ayant un handicap ou une maladie grave figuraient en général parmi ceux qui étaient graciés. Le décret n'a pas précisé combien de prisonniers exactement seront libérés, mais il est certain qu'ils seront nombreux. Dans le pays, la propagande et la loi sous-tendent le statut de la monarchie thaïlandaise, qu'il est extrêmement risqué de critiquer en public. Les écoliers thaïlandais se voient ainsi enseigner la primauté de l'institution dès l'enfance, tandis que d'énormes portraits des personnages clés de la famille royale ornent presque chacune des grandes rues.

Comme son père, Vajiralongkorn est protégé de la critique par une loi sur la diffamation royale particulièrement dure qui peut infliger jusqu'à 15 ans de prison par accusation. Cela a amené une sorte de culture de l'auto-censure dans les médias, les universités et les arts. Cette amnistie de prisonniers suit un grand nombre d'apparitions publiques du nouveau Roi, dont les quatre décennies comme héritier désigné ont été caractérisées par une certaine discrétion et de longs voyages à l'étranger. Depuis qu'il a été proclamé Roi sous le nom de Rama X, le nouveau monarque a offert des secours aux personnes sinistrées par les inondations, a ouvert un hôtel de ville et a été honoré dans un hommage vidéo diffusé dans les cinémas.